Presque vingt ans que nous avons perdu mes parents , cela parait difficile à croire tant je ressens toujours leur présence et la douleur de leur perte...
En revanche je ne hante guère le cimetière,je l’avoue, laissant la charge à ma grande sœur qui habite leur maison, la surveillance de leur tombe, et ne l’accompagnant guère qu’une fois l‘an pour y apporter les fleurs de la Toussaint…
Cette année j’ai planté pour ce jour une grosse coupe de pensées …
Mon père n’aimait pas aussi passionément les fleurs que ma mère. Mais il aimait jardiner , gratter la terre , ratisser, semer ou repiquer des tomates et des salades…et certaines fleurs : celles qui lui rappelaient son enfance, les iris mauves, les pivoines, et les glycines et.. quelques autres dont nous ne raffolions pas, les dahlias aux pétales violet foncé bordés de blanc , dits « Deuil du Roi Albert ! », les bégonias "Bertini" à nos yeux pauvres de fleurs et de feuilles , les œillets d’Inde marron et jaune à l’odeur bizarre, et Les Canas !!!il adorait les canas, ces fleurs raides aux corolles sans grâce et à la feuille comme plastifiée. Il en plantait chaque année et se désespérait de les « rater », ce dont nous ne parvenions pas à être affligés !!!
Et il aimait les pensées , ces petites fleurs fragiles, non vivaces, mais qui résistent tout l’hiver au gel, dont la beauté éclate au printemps et périt au soleil de Juin…Mais là encore celles qu’il aimait c’était celles que j’aime le moins pour ma part, les brunes et jaunes , veloutées et sombres, "ces pensées qui semblaient avoir un visage "disait-il…J’aime les blanches, les bleues et les jaunes dont les teintes simples soulignent la forme…
Donc pour Toussaint, j'ai mêlé dans les coupes les deux sortes de teintes que nous aimions, car de la moisson achetée à la jardinerie j’ai fait deux coupes , une pour eux et une pour nous…
Leurs fleurs éclatent de couleurs depuis le début du printemps, près de notre porte, et quand je passe, elles accrochent fugitivement mon regard et ma pensée, pour un souvenir un tout petit peu triste, mais surtout doux , d’autant qu’au même moment de l’autre côté de l’entrée, la cactée de ma mère s’épanouit dans toute sa beauté…
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