mercredi 10 août 2011

Richard Galliano et Bach à Marciac…l’embellie…

Prenez un été où beaucoup de pluie alterne avec quelques jours étouffants…de jours où l’on court réclamer à la mer sa dose de soleil, d’écume, d’eau salée restée froide de l’orage précédent , mais néanmoins délicieuse, et où l’on s’enrage parfois que la tiédeur à peine retrouvée peuple vagues et rivages des petits flotteurs bleu irisé des physalies redoutables ….

Bref un été bizarre et ambigu…Se lève alors un temps « d’embellie » : à deux heures de voiture, Charlotte, Camille, Michel et moi avons rendez-vous avec Richard et Bach à Marciac…

"...ce projet donc élargit la définition du jazz : il s'agit moins d'improvisation que d'une lecture nouvelle des partitions de Bach. Ce renouvellement radical est bien dans l'esprit du jazz. On est au-delà du paradoxe. La rupture, si rupture il y a, avec ce qui se donne habituellement à Marciac, c'est encore une manière de perpétuer la tradition. Et pour Richard Galliano, c'est une manière de dire clairement qu'il n'y a rien de nouveau qui ne trouve sa source dans la tradition la plus fondamentale, et reconnue comme telle."


Je rajouterais seulement quelques notations personnelles

Que toujours un concert, particulièrement peut-être un concert de Galliano , n’est jamais ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.
Pour celui-là précisément
Nous avions déjà entendu le sextet trois fois mais dans la thématique de Bach à Piazzolla. C’était la première fois qu’il ne s’agissait que de Bach exclusivement …ou presque !!!
Paradoxalement à Marciac , terre de jazz…on ne swinguait pas sur Galliano, mais on revenait à la pureté fondamentale d’une ligne mélodique éternelle, et du contrapunctus inimitable de Jean Sébastien Bach…

De surprises en bonheurs, ce fut une soirée parfaite…
Déception de ne pas retrouver Sébastien Surel à l’affiche , ET découverte du jeu de Nicolas Dautricourt….
Plaisir de réentendre Jean marc Apap et Stéphane Logerot.

Bonheur d’entendre en direct pour la première fois avec ce sextet, le bandonéon de RG en solo dans l’Aria, auquel l’acoustique de la salle, et la tension du solo donne une grande puissance mélodique et émotionnelle..

…Le prélude au violoncelle…

…Le plaisir à jouer de RG qui peu a peu se manifeste et éclate et se communique à tous, et sa modeste présentation de son interprétation du contrapunctus de l’Art de la fugue « Je vais essayer… » Doute-t-il, ou s’étonne-t-il dans son immense admiration pour Bach de l’ audace de son entreprise ???

Merveille au troisième rappel de l’entendre jouer debout, le toujours aimé et toujours différent, et pour moi le plus Piazzolla de ses morceaux (que je connaisse), le Tango pour Claude…l’incontournable de cette année Galliano !!!

Magie d’une salle où l’on entend si bien, ou l’on peut être tout entier à l’écoute de ceux que l’on voit jouer dans un cercle de lumière qui concentre un moment toute la magie de la musique que l’on aime…

Un temps suspendu dont on voudrait qu’il s’éternise et dont on sait qu’il finira trop tôt et nous laissera le regret qu’il s’arrête et le désir de le revivre…

La joie d’un public conquis qui vit intensément ce moment et en communique avec les musiciens et surtout Richard Galliano. Dont on devine qu’il a redouté et espéré à la fois ce moment où il puise son énergie et nous la nôtre ….plaisir vif, aigu et douloureux parce qu’éphémère….

Comme chantait Claude Nougaro :
Bonheur tu nous fais souffrir
La peur qu’tu te barres…
Tu appartiens à ces choses volatiles…
A ces choses qui ne tiennent qu’à un fil…

Comme une embellie sur la mer où la bourrasque avait amoncelé des nuages gris d’argent sombre qui soudain se déchirent pour une brève et lumineuse….

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