lundi 5 avril 2010

Démenti

J’avais écrit en février un texte, en empruntant à Chateaubriand, sur « le chant naturel de l’homme… »
« J’écoutais ces chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l’homme est triste même lorsqu’il exprime le bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs… »
(René)

Aujourd’hui j’en écrirai ici un démenti!!!
Car nous venons d’écouter le chant de Raul Barboza , si bien ancré dans la tradition guarani, et si plein de sérénité joyeuse...
Et aussi la voix de Guillaume Lopez, et l’accordéon de Thierry Roques et la batterie de leur complice Pierre Dayraud….


Et leur chant du monde n’est pas triste, il est même assez jubilatoire !!!
Même s’ils reprennent une tradition, y compris celle de la boha, dont j’aime peu le son
que je trouve souvent éprouvant pour les nerfs…
Comme le dit Thierry Roques : « Sait-on que la bourrée peut aller à la transe ? »
Je pensais alors à la Tarentelle, (que j’aime particulièrement) et qui délivre des fièvres malignes provoquées par la piqûre de la tarentule …


Oui !!! avec Thierry, Guillaume et Pierre, la bourrée peut aller jusqu’à la transe, mais une transe joyeuse, une transe de jubilation….

Pourquoi malgré leur ancrage dans la tradition, ne ressent-on pas ici cette tristesse profonde des chansons populaires ou des musiques des traditions rurales ?
Parce que Thierry et Guillaume sont eux-mêmes et transfigurent cette musique par le rythme insolent de leur soufflet, de leur souffle, de leur voix ou de leur batterie, leur vitalité débordante, leur humour « l’air de rien »?
Parce que leur batteur les entraîne loin des bourrées ?


Ou peut-être parce qu’ils échappent à l’enfermement des « pais », des vallées encaissées, des campagnes encloses, par des « somi (s)» migrateurs, des envols divagateurs vers une "linea del sur", pour des métissages plein de soleil, qui leur assurent une énergie renouvelée ?
Peut-être parce que, quoique riches de tradition, ils ne sont en rien traditionnels, ils débordent, transforment les us du folklore, parce qu’ils sont « Modernes » et « donnent un son nouveau aux sons accoutumés »…


Pour toutes « les grenades » dont les mots se jouent, voici en prime un petit texte saugrenu de Paul Valéry :

Dures grenades entrouvertes
Cédant à l’excès de vos grains
Je crois voir des fronts souverains
Éclatés de leurs découvertes !

Si les soleils par vous subis,
O grenades entrebâillées
Vous ont fait d’orgueil travaillées
Craquer les cloisons de rubis,

Et que si l’or sec de l’écorce
A la demande d’une force
Crève en gemmes rouges de jus,

Cette lumineuse rupture
Fait rêver une âme que j’eus
De sa secrète architecture…

Ouahhh !!!!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Françou pour ce poème que je ne connaissais pas et qui m'a ravie et éblouie.
Edith

Unknown a dit…

Bonjour Edith!
J'aime bien Valéry; nonobstant (ou à cause) du côté intello de sa poésie et pour moi un peu "début du 20eme siècle".Finalement décalé et plein de charme ...
A bientôt....