Impression
1905, un beau disque bien nommé !
Car si je suis captivée par le
piano de Fanny , si je suis fort intéressée par la remarquable notice de ce CD,
documentée et d’une grande précision
technique, une aide précieuse à comprendre et écouter, je suis malgré tout
incapable d’ analyser la maîtrise technique de ce fascinant piano…
Bien nommé ce disque :
auteurs du début du 20ème, Ravel , Debussy, Albeniz, qui m’ont
toujours intéressée , mais dont en même
temps la musique novatrice et personnelle est pour moi non hermétique mais techniquement
un peu difficile à apprécier …
En revanche, si elle se refuse
à être figurative, elle est tout à fait propice à la connotation , aux
« correspondances », qu’elle suscite d’ailleurs par ses titres , qui
ouvrent des horizons multiples à l’ « écouteuse » amateur que je
suis :
« Miroirs », accès poétique rituel à
l’Imaginaire, « Noctuelles » nom rare
et musical des papillons de nuit,
qui connote je ne sais quel monde sonore fait de nuit et de frottements
d’ailes, timides et délicats, « Oiseaux
tristes » qui me rappellent « Los pajaros perdidos » de Piazzolla, « Une
barque oubliée », attente et nostalgie, « Alborada del gracioso, »
une aube de pitre…toute en contrastes…
Ravel , j’essaie souvent à ma
manière buissonnière d’écouter sa musique, ce que j’en connais et que j’aime,
avec obstination, pour qu’il me devienne familier . J’ai aussi trouvé un joli
livre modeste « les Forêts de Ravel »qui évoque son patriotisme obstiné, son désir de faire la guerre comme
les autres, son lien avec sa mère , son goût pour les forêts profondes et… pour
la mer !
Et le piano de Fanny si
créatif d’impressions, son toucher
précis et léger, et à la fois sonore de résonances
profondes est bien apte à nous introduire dans ce monde liquide , dont les ondes se diffusent et se répondent, et coulent en cascades de notes…
Quant à Debussy, merveille de
sa citation placée en exergue du CD
« Rien n’est plus musical qu’un
coucher de soleil » de ce titre « Images »,
de son aveu :« aimer presque ‘autant les images que la musique ».Ne
sont-ils pas pour moi une raison
poétique d’évoquer des images d’eaux
agitées d’un rythme sonore rapide ou
lent, mais régulier et toujours musical.
Et en écoutant ces « Reflets dans l’eau »
je ne peux m’empêcher d’admirer l’extrême virtuosité de Fanny qui ne s’avoue pas mais réussit à faire surgir l’impression
captivantes de simples « reflets dans l’eau «
Je pense à Rousseau :
« le bruit des vagues
et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre
agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait
souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son
bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et
mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi
et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la
peine de penser
… »1
Quant à Albeniz, Impressions encore , mais pour moi
de colorations bien différentes , ni plans d’eau ni nature grandiose ou
sauvage, mais la ville , foisonnante de vies agitées. Sons chauds et rythmes de
danses…
Iberia éveille la double
correspondance du monde dansant d’une Espagne rêvée, riche de danses aussi
dansantes que contrastées, avec des rythmes scandés, évoquant des foules
et une vie frénétiques, à tous les coins des quartiers suggérés par les tires :El
Albaicin, El Polo, Lavapiés…. Et en même temps, une sorte de tristesse tragique
et sombre…La coloration du son du piano peut être très différente, mais sa virtuosité est aussi
remarquable, quoique je pense une fois encore ne pas en mesurer le difficulté
technique , tant une fois encore le jeu semble aisé .Virtuosité remarquable dans
les danses diverses aux frénésies suggérées : c’est un vertige de notes
superbes dont la technique certes m’échappe
mais dont l’effet me saisit et m’enchante !
Notes jaillissant de mains virtuoses … Images …
évocations
Bonjour Ravel , Debussy, Albeniz…. !!!
Merci Fanny !
Ps1 : Rousseau, Cinquième Promenade :
De quoi jouit-on dans une pareille situation ?
De rien d'extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence,
tant que cet état dure on se suffit à soi-même comme Dieu. Le sentiment de
l'existence dépouillé de toute autre affection est par lui-même un sentiment
précieux de contentement et de paix,
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