mercredi 23 août 2017

Fanny Azzuro: Impressions 1905 : Connotations subjectives….

  

Impression 1905, un beau disque bien nommé !


Car si je suis captivée par le piano de Fanny , si je suis fort intéressée par la remarquable notice de ce CD,  documentée et d’une grande précision technique, une aide précieuse à comprendre et écouter, je suis malgré tout incapable d’ analyser la maîtrise technique de ce fascinant piano…
Bien nommé ce disque : auteurs du début du 20ème, Ravel , Debussy, Albeniz, qui m’ont toujours intéressée  , mais dont en même temps la musique novatrice et personnelle est pour moi non hermétique mais techniquement un peu difficile à apprécier …
En revanche, si elle se refuse à être figurative, elle est tout à fait propice à la connotation , aux « correspondances », qu’elle suscite d’ailleurs par ses titres , qui ouvrent des horizons multiples à l’ « écouteuse » amateur que je suis :
 « Miroirs », accès poétique rituel à l’Imaginaire, « Noctuelles » nom rare  et musical  des papillons de nuit, qui connote je ne sais quel monde sonore fait de nuit et de frottements d’ailes, timides et délicats,  « Oiseaux tristes » qui me rappellent « Los pajaros  perdidos » de Piazzolla, « Une barque oubliée », attente et nostalgie, «  Alborada del gracioso, » une aube de pitre…toute en contrastes…
Ravel , j’essaie souvent à ma manière buissonnière d’écouter sa musique, ce que j’en connais et que j’aime, avec obstination, pour qu’il me devienne familier . J’ai aussi trouvé un joli livre modeste « les Forêts de Ravel »qui  évoque son patriotisme  obstiné, son désir de faire la guerre comme les autres, son lien avec sa mère , son goût pour les forêts profondes et… pour la mer !
Et le piano de Fanny si créatif d’impressions, son toucher  précis et léger, et à la fois sonore de résonances


profondes est bien apte à nous introduire dans ce monde liquide , dont les ondes se diffusent et se répondent, et coulent en cascades de notes…
Quant à Debussy, merveille de sa citation placée en exergue du CD 


« Rien n’est plus musical qu’un coucher de soleil » de  ce titre « Images », de son aveu :« aimer presque ‘autant les images que la musique ».Ne sont-ils  pas pour moi une raison poétique d’évoquer  des images d’eaux agitées d’un rythme sonore  rapide ou lent, mais régulier  et toujours musical. Et en écoutant ces  « Reflets dans l’eau » je ne peux m’empêcher d’admirer l’extrême virtuosité de Fanny qui ne s’avoue  pas mais réussit à faire surgir l’impression captivantes de  simples « reflets dans l’eau « 
Je pense à Rousseau :
«  le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la peine de penser
… »1

Quant à  Albeniz, Impressions encore , mais pour moi de colorations bien différentes , ni plans d’eau ni nature grandiose ou sauvage, mais la ville , foisonnante de vies agitées. Sons chauds et rythmes de danses…
Iberia éveille la double correspondance du monde dansant d’une Espagne rêvée, riche de danses aussi dansantes que contrastées,   avec des rythmes scandés, évoquant des foules et une vie frénétiques, à tous les coins des quartiers suggérés par les tires :El Albaicin, El Polo, Lavapiés…. Et en même temps, une sorte de tristesse tragique et sombre…La coloration du son du piano peut être très  différente, mais sa virtuosité est aussi remarquable, quoique je pense une fois encore ne pas en mesurer le difficulté technique , tant une fois encore le jeu semble aisé .Virtuosité remarquable dans les danses diverses aux frénésies suggérées : c’est un vertige de notes superbes dont la technique certes  m’échappe mais dont l’effet me saisit et m’enchante !

Notes jaillissant de mains virtuoses … Images … évocations
Bonjour Ravel , Debussy, Albeniz…. !!!
Merci Fanny !









Ps1 : Rousseau, Cinquième Promenade :
 De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d'extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence, tant que cet état dure on se suffit à soi-même comme Dieu. Le sentiment de l'existence dépouillé de toute autre affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix,


Aucun commentaire: