C’est la plage d’après midi, il y a du monde. Il fait très beau, un peu moins chaud peut-être, la petite brise de mer s’est levée. La mer est juste un peu forte, l’eau est douce, juste un peu fraîche, ses vagues éclatent juste, en roulant en écumes longues …
J’hésite en arrivant , il ferait bon rester au soleil, un peu à
l’écart de la zone de baignade , à l’écart du bruit des voix enfantines , avec
le seul bruit de la vague qui frappe le sable, avec Nadja et Charlotte qui
lisent et discutent paresseusement .
-Mais où est Camille?
Sempiternelle question de Mamouna inquiète, question de toujours, depuis que Nadja avait encore l’âge de Camille et beaucoup moins … et le regard qui cherche, et me voilà debout, traçant sur le sable fin où vient mourir la vague, à la recherche de la petite tête dans l’écume, la petite tête qu’on connaît si bien, mais qu’on a peine à reconnaître parmi les innombrables têtes du bain de l’après -midi…
Et c’est elle qui me voit, c’est elle qui me fait signe , et c’est en moi , comme toujours et naguère,
un petit éclat de bonheur…
J’avance un peu , j’admire cette fusion intime avec la mer ,la petite tête qui attend, qui attend
la belle vague puis qui soudain se retourne, se fondant en elle et se laissant porter jusqu’à mes pieds, et riant… j’admire cette aisance « aquatique »
qu’elle a eu de tout temps, mais qui a acquis
avec les années la technique, le savoir
faire , la familiarité avec l’océan…
Elle m’appelle, et c’est vrai
que c’est le dernier bain de l’été !
Elle m’appelle, et je m’avance,
attirée… mais je me contenterai de prendre les vagues les plus douces, de prendre à mi
chemin les écumes, et de me laisser emporter
jusqu’au bord puisque les vagues d’aujourd’hui
nous emportent volontiers , et je la
vois me dépasser, heureuses …!
Je l’admire… et avec un petit pincement au cœur je pense que c’est moi qui jadis, comme c’était la plus
petite, moi qui prenait avec elle ses
premières vagues , l’encourageait, la rassurait , partait avec elle…
Et voilà que notre désir de dernier bain a contaminé deux autres
petites têtes charmantes …
Et que je reste là, à prendre une écume sur deux ou sur trois, à regarder et surveiller les trois petites têtes,
à rire de leur plaisir quand elles réussissent à venir s’échouer à mes pieds,
dans la douceur de l’eau fraîche de ce dernier bain….
Révérence gardée envers Georges Brassens
« Révérence gardée envers Paul Valéry!!!!
« Les bons maîtres me le
pardonnent :
« La vague lève, il faut
tenter de vivre ! »
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