Je dois l’avouer, j’aime (dois-je dire j’aimais ???) Gérard Depardieu…son talent à incarner de
façon multiple et créative les
personnages les plus divers. Ses outrances , sa force , sa puissance physique
et vitale. Son pouvoir à donner des interprétations peu normées et mais aussi
convaincantes que surprenantes des Monte
Christo, des Cyrano, et des Jean Valjean …
Je dois l’avouer, j’ai ressenti comme bien d’autres je crois, sa décision comme une désertion…pas comme une « européenne attitude », mais comme un geste de classe, la classe de ceux
qui ne se sentent pas embarqués dans le navire du pays qui est le leur, de ceux qui n’ont pas le désir –ni d’ailleurs la possibilité
financière !!!- de fuir ...ma classe!!!
L’évocation du prolo de Mammuth, du syndicaliste de Potiche, de l’émouvant illettré de La tête en friche, du comédien résistant du Dernier Métro me laissent maintenant un petit arrière- goût d’amertume….
Et pourtant y a –t-il la moindre raison à cela ? il est
évident ces personnages attachants sont
de remarquables créations plus vraies que le vrai, ne sont pas Depardieu qui
reconnaissons-le ne joue pas Depardieu , mais des compositions qui donnent l’illusion du réel, grâce à un grand talent
professionnel…
Quand j’étais étudiante puis prof de littérature j’ai aimé lire et
« remâcher » les œuvres de Denis Diderot …
Un texte m’a toujours intriguée, dérangée, puis fascinée, le Paradoxe
sur le comédien.
J’ai été longue à accepter l’idée développée par Diderot que le
comédien joue d’autant mieux ses personnages qu’il n’en ressent pas personnellement les sentiments ,
mais qu’il en maîtrise pour les avoir observées, notées et travaillées avec discernement les manifestations
comportementales :
Il avait le masque de ces différents visages.
Ce n’était pas naturellement, car Nature ne lui avait donné que le sien ;
il tenait donc les autres de l’art.
Est-ce qu’il y a une
sensibilité artificielle ? Mais soit factice, soit innée, la sensibilité
n’a pas lieu dans tous les rôles. Quelle est donc la qualité acquise ou
naturelle qui constitue le grand acteur dans l’Avare, le Joueur, le Flatteur,
le Grondeur, le Médecin malgré lui, l’être le moins sensible et le plus immoral
que la poésie ait encore imaginé, le Bourgeois Gentilhomme, le Malade et le
Cocu imaginaires ; dans Néron, Mithridate, Atrée, Phocas, Sertorius, et tant d’autres
caractères tragiques ou comiques, où la sensibilité est diamétralement opposée
à l’esprit du rôle ? La facilité de connaître et de copier toutes les
natures
L’idée que le comédien et ses personnages sont si différents « qu’on
a peine à les reconnaître »…
Réfléchissez
un moment sur ce qu’on appelle au théâtre être
vrai. Est-ce y montrer les choses comme elles sont en nature ?
Aucunement. Le vrai en ce sens ne serait que le commun. Qu’est-ce donc que le
vrai de la scène ? C’est la conformité des actions, des discours, de la
figure, de la voix, du mouvement, du geste, avec un modèle idéal imaginé par le
poète, et souvent exagéré par le comédien. Voilà le merveilleux. Ce modèle
n’influe pas seulement sur le ton ; il modifie jusqu’à la démarche,
jusqu’au maintien. De là vient que le comédien dans la rue ou sur la scène sont
deux personnages si différents, qu’on a peine à les reconnaître.
Doit-on pour autant adhérer à l’idée qu’il n’a
pas non plus la même sensibilité que certains d’entre nous aux affections qui
nous émeuvent ? et lui attribuer un détachement et un recul qui confine à la froideur ?
Un
comédien n’a-t-il pas un père, une mère, une femme, des enfants, des frères,
des sœurs, des connaissances, des amis, une maîtresse ? S’il était doué de
cette exquise sensibilité, qu’on regarde comme la qualité principale de son
état, poursuivi comme nous et atteint d’une infinité de peines qui se
succèdent, et qui tantôt flétrissent nos âmes, et tantôt les déchirent, combien
lui resterait-il de jours à donner à notre amusement ? Très-peu.
Je n’oserais aller jusqu’à ce point...
Je me contenterai seulement de continuer à me
sentir émue par Mammuth en évitant de penser à Gérard…
Comme j’éviterai de consulter ses idées politiques . .. D’ailleurs je déplore souvent qu’on interroge l’opinion des acteurs ou des artistes, comme si leur
notoriété et de manière générale leur
qualités professionnelles nous
garantissaient sagacité et sagesse
politiques ou intégrité morale !!!!
4 commentaires:
Tu sais quoi Françoise? On a surtout beaucoup trop parlé de cette affaire... Ayrault en temps que 1er ministre aurait dû s'abstenir de commenter... Et les médias de relayer!!! Car enfin Ayrault n'a pas dit que notre Gégé national était minable, il a dit que c'était minable de s'installer à 1km de la frontière, nuance!
Oui, c'est un merveilleux acteur...mais c'est un alcoolique que cette " maladie" , qui est tout de même à la base un excès, désinhibe complètement, et le rend grossier et grotesque...
Mais sur le fond de l'affaire: et bien il trouve simplement qu'il paie trop d'impôts...point-barre!!! Et il pète les plombs. Je vais t'avouer
(Suite): je vote à gauche depuis 40 ans. Je suis pour le partage et la redistribution. Je suis enchantée de payer pas mal d'impôts qui devraient aider à vivre ceux qui n'en auraient pas les moyens autrement... Mais je vois autour de moi un sport national qui consiste, sans pour autant quitter la France, a tout faire pour payer moins d'impôts... Les français sont tricheurs par nature... Voir le nombre de " conseillers" fiscaux! Et bien quand tu paies tes impôts sans faillir, tu en as marre au bout d'un moment et tu as l'impression d'être un crétin!!! Alors oui, je peux comprendre que Gégė en ait marre!!! Et c'est vrai que la formule d'impôt sur la fortune est confiscatoire
En revenant sur ton blog je termine ce que je voulais dire ici - mais mon Internet ramait et me coupait sans arrêt!!
Je voulais terminer en disant que pour moi le problème de fond, ce ne sont pas les impôts... mais les revenus!!! Est-il normal que certaines catégories de la population gagnent autant (problème réccurrent et bateau, je sais!): sportifs, acteurs, artistes...chefs d'entreprises!!! alors que pendant ce temps des gens voient leur électricité coupée en plein hiver??? Faute au libéralisme, au capitalisme?? On a beaucoup parlé des chefs d'entreprise, et certaines boîtes ont amorcé une moralisation (le critère du rapport de 1 à 20 entre revenus extrêmes dans une société me paraît pas mauvais, mais sera-t-il un jour généralisé?? Mais pour des cas comme celui de Gégé, je veux bien qu'il ait (beaucoup?) apporté à la France, mais un peu moins que l'Abbé Pierre... qui venant d'une famille riche a commencé par donner tout ce qu'il avait, avant de réveiller les autres...
Donc au lieu de dire «si quelqu'un gagne trop, on lui prend tout» il faudrait tout de même trouver un système pour réduire les inégalités de traitement à la base.
J'espère que tu ne m'en voudras pas Françoise de ma longue diatribe.
Bon Noël à vous.
Bises.
francine
Merci sister de ta saine diatribe, que je partage absolument !!! une
fois de plus...
Bises amicales et joyeux Noël, pour toi et les tiens!!!!
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