dimanche 21 mars 2010

Jean Ferrat. On avait un peu oublié….


Depuis l’annonce de sa mort, on écoute ses disques en boucle, avec tristesse, avec nostalgie, et on prend conscience qu’on avait un peu oublié.
Bien sûr, le refrain de Potemkine, quelques vers, demeuraient présents dans notre mémoire, on se les redisait parfois .
Bien sûr on entendait encore dans sa tête « Nuit et Brouillard » …
Et certes, on fredonnait encore quelquefois « La montagne », dont je n’aime pourtant pas particulièrement les paroles :
« Ils seront flics ou fonctionnaires,
Le temps d’attendre sans s’en faire
Que l’heure de la retraite sonne… » ...
...me heurte, me rappelle le temps de 68, un temps où enseignants , ouvriers et fonctionnaires en col blanc, eurent du mal à défiler ensemble…

Mais la beauté de sa voix , sa chaleur, sa rondeur mélodieuse , je l’avais un peu oubliée…

J’ avais oublié de bien beaux textes:
« Raconte-moi la mer»
« Je ne chante pas pour passer le temps »
Le monde ouvert à ma fenêtre
Que je referme ou non l’auvent
S’il continue de m’apparaître
Comment puis-je faire autrement…

….Et d’autres drôles :
« La voix lactée »…
(En écoute sur Musicme)


J’ avais un peu oublié Aragon , entravée que j’étais dans le vague souvenir de quelques platitudes de ses textes célébrant Le Parti, ou me perdant parfois dans le labyrinthe de ses hermétismes, et disant avec Elsa :
"Notre amour, s’il inaugure un monde,
"C’est un monde où l’on aime à parler simplement
"Laisse-là Lancelot, laisse La Table Ronde...
J’ avais oublié combien Aragon pouvait chanter l’amour avec des métaphores si simples et si complexes, par des vers si équilibrés de rythme, aux sonorités si harmonieusement modulées...
Et l’amour du pays…Et la fraternité des hommes, des travailleurs, des poètes…

Jean Ferrat a su lire et chanter Aragon et ranimer notre connaissance de sa poésie

Alors à mon tour, ce soir, je redis ces quelques vers d’ Elsa au miroir, que j’aimais tant et que je n’ai pas oubliés :
"C’était au beau milieu de notre tragédie
"Et pendant un long jour assise à son miroir
"Elle peignait ses cheveux d’or je croyais voir
"Ses patientes mains calmer un incendie
"C’était au beau milieu de notre tragédie…
….
"Le monde ressemblait à ce miroir maudit
"Le peigne partageait les feux de cette moire
"Et ces feux éclairaient les coins de ma mémoire…

Et je dis :
« Merci à Jean Ferrat d’avoir éclairé notre mémoire et chanté pour nous,
L’amour, la solidarité des hommes , la raison du poète!!! »

1 commentaire:

elisabeth a dit…

J'ai toujours suivi Jean Ferrat, à la télévision (également quand je remue mes 33 tours), en cassette vidéo, en cassette audio, en CD, je ne l'ai pas oublié. J'ai aimé, j'aime toujours. Je ne l'oublie pas.