mardi 4 septembre 2018

En étrange pays dans mon pays même...



«  En étrange pays dans mon pays même… »
Ainsi disait Aragon !
Mais c’était la guerre !
Sommes-nous en guerre ?
Guerre économique ? Guerre sociale ? guerre mondiale ?
Les infos sur France inter le matin à l’heure où je commence ma journée,  ou pire sur France Culture, qui dévident tous les malheurs du Monde , abus, sadismes, génocides, révoltes , oppressions sociales et dictatoriales , exodes migratoires,  où qu’ils se situent , ouvrent les journées sur un sentiment de culpabilité, le malaise d’oser encore quand on a de l’eau, des moissons à profusion, et pas trop de maladies , une retraite ! …s’affliger de vieillir, de se sentir un peu décalé dans un pays , le Mien , que l’on s’obstine à aimer et à trouver privilégié…
Ce sentiment d’étrangeté  a dû commencer quand j’ai dû prendre ma retraite…
Désormais hors des murs de ce monde que j’aimais  et donnait une liberté de penser , de réfléchir, de partager avec des élèves de trois à cinquante ans , je me suis sentie tout à coup   « Foraine »  c'est-à-dire « extérieure  »

Puis est advenue  la politique du » « Dégagisme »instauré comme principe universel de progrès !
Dégagé le Service public, instaurée l’initiative privée et personnelle ,
Dégagée la SNCF, Le Service Public, qui me paraissait, fille d’institutrice publique (ce terme d’ailleurs chiffonnait un peu sa pudibonderie) et d’un grand père « cheminot » qui considérait comme un progrès que les Compagnies de Chemins de fer accèdent au statut de Société Nationale de France, le service Public  me paraissait  servir l’Education, la Santé, l’Economie  publiques !
Dégagés surtout  les vieux briscards de la politique, et  suspects les retraités exclus du Travail désormais, et  qui coûtent si chers à l’Etat et aux travailleurs.
Je revivais certains moments de notre vie active ou les réformes parfois pleuvaient, sans qu’il y ait eu le moindre tri entre ce qui avait plus ou moins réussi, sans égard et sans examen !!
Et je pense  et souris,(ou pas) à tout ce qui est préconisé avec gravité et certitude  et qui ressemble si fort à ce qu’on préconisa …Jadis ! Et qui donna assez souvent quelques résultats bien remarquables.

Oui   je me sens tout à coup étrangère …et je reste bras ballants devant ce Chantier Haussmannien de remise en cause méthodique et perpétuelle des projets, des essais, des réalisations du passé qui était le nôtre !
Plus que jamais l’image de la France me parait ressembler à un vaste diner parisien entre amis !  Tout se fête à Paris, le 14 juillet , le Tour, la Coupe du monde de Foot, tous symboles du sentiment national…Et je deviens un peu « Girondine »
Je ne suis pas spécialement ancrée dans la vie rurale, mais il me semble que la province, en tout cas la nôtre, soit pays exotique…Je crois d’ailleurs qu’un homme politique, l’autre jour en parlant des régions, parlait de «  territoires » !


La force de la mer, qui est l’échappée belle de mon pays, m’attire alors plus que jamais, son horizon de  pins et de sable si fin et si blond …
Même si tout s’y mécanise : foin des bains nonchalants et des plages rituelles. S’y ajoutent ou les concurrencent, la course à pied dûment mesurée, les super  vélos filant sur , les  tenues techniques sophistiquées, les paddles multicolores glissant  silencieux.
En alternance avec le Consumérisme organisé, de soldes en marchés forains ,  de marchés forains en braderies ….de queues dés la fin d’aprem devant le marchand de  glaces (délicieuses il est vrai)…

Plus que jamais les mots de la littérature, la musique écoutée encore et encore, me servent d’évasion, de monde paradoxalement familier !




Et la douceur de l’eau, l’odeur de sel , le bruit des vagues , la splendeur des écumes qui jaillissent ou s’étalent en franges, le jeu du soleil le soir sur la mer , ses brillances sur le lac le matin, « console nos labeurs »,
« Et nous parle en secret notre douce langue natale »









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