« En étrange pays dans mon pays même… »
Ainsi
disait Aragon !
Mais
c’était la guerre !
Sommes-nous
en guerre ?
Guerre
économique ? Guerre sociale ? guerre mondiale ?
Les
infos sur France inter le matin à l’heure où je commence ma journée, ou pire sur France Culture, qui dévident tous
les malheurs du Monde , abus, sadismes, génocides, révoltes , oppressions
sociales et dictatoriales , exodes migratoires,
où qu’ils se situent , ouvrent les journées sur un sentiment de
culpabilité, le malaise d’oser encore quand on a de l’eau, des moissons à
profusion, et pas trop de maladies , une retraite ! …s’affliger de
vieillir, de se sentir un peu décalé dans un pays , le Mien , que l’on
s’obstine à aimer et à trouver privilégié…
Ce
sentiment d’étrangeté a dû commencer
quand j’ai dû prendre ma retraite…
Désormais
hors des murs de ce monde que j’aimais et donnait une liberté de penser , de
réfléchir, de partager avec des élèves de trois à cinquante ans , je me suis
sentie tout à coup « Foraine » c'est-à-dire « extérieure »
Puis
est advenue la politique du » « Dégagisme »instauré
comme principe universel de progrès !
Dégagé
le Service public, instaurée l’initiative privée et personnelle ,
Dégagée
la SNCF, Le Service Public, qui me paraissait, fille d’institutrice publique
(ce terme d’ailleurs chiffonnait un peu sa pudibonderie) et d’un grand père
« cheminot » qui considérait comme un progrès que les Compagnies de Chemins
de fer accèdent au statut de Société Nationale de France, le service Public me paraissait servir l’Education, la Santé, l’Economie publiques !
Dégagés
surtout les vieux briscards de la
politique, et suspects les retraités
exclus du Travail désormais, et qui coûtent
si chers à l’Etat et aux travailleurs.
Je
revivais certains moments de notre vie active ou les réformes parfois pleuvaient,
sans qu’il y ait eu le moindre tri entre ce qui avait plus ou moins réussi, sans
égard et sans examen !!
Et
je pense et souris,(ou pas) à tout ce
qui est préconisé avec gravité et certitude
et qui ressemble si fort à ce qu’on préconisa …Jadis ! Et qui donna
assez souvent quelques résultats bien remarquables.
Oui
je me sens tout à coup étrangère …et je
reste bras ballants devant ce Chantier Haussmannien de remise en cause méthodique
et perpétuelle des projets, des essais, des réalisations du passé qui était le
nôtre !
Plus
que jamais l’image de la France me parait ressembler à un vaste diner parisien
entre amis ! Tout se fête à Paris,
le 14 juillet , le Tour, la Coupe du monde de Foot, tous symboles du sentiment
national…Et je deviens un peu « Girondine »
Je
ne suis pas spécialement ancrée dans la vie rurale, mais il me semble que la province,
en tout cas la nôtre, soit pays exotique…Je crois d’ailleurs qu’un homme
politique, l’autre jour en parlant des régions, parlait de «
territoires » !
La
force de la mer, qui est l’échappée belle de mon pays, m’attire alors plus que jamais,
son horizon de pins et de sable si fin
et si blond …
Même
si tout s’y mécanise : foin des bains nonchalants et des plages rituelles.
S’y ajoutent ou les concurrencent, la course à pied dûment mesurée, les super vélos filant sur , les tenues techniques sophistiquées, les paddles
multicolores glissant silencieux.
En
alternance avec le Consumérisme organisé, de soldes en marchés forains , de marchés forains en braderies ….de queues dés
la fin d’aprem devant le marchand de glaces (délicieuses il est vrai)…
Plus
que jamais les mots de la littérature, la musique écoutée encore et encore, me
servent d’évasion, de monde paradoxalement familier !
Et la douceur de l’eau, l’odeur de sel , le bruit des vagues , la splendeur des écumes qui jaillissent ou s’étalent en franges, le jeu du soleil le soir sur la mer , ses brillances sur le lac le matin, « console nos labeurs »,
« Et
nous parle en secret notre douce langue natale »
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