Ce n’était pas mère …
Ce n’était que ma belle –mère …
Mais toutes deux nous nous étions
beaucoup aimées au temps de notre première rencontre …
Son côté femme enfant petite ,
ronde ,jeune , à la peau lumineuse , sa voix trop forte , ses rires , son
affection possessive , et tendre, sa détermination à être une belle mère
« pas comme les autres » , ou plutôt « comme la belle-mère
de E….(je ne sais plus qui !) que sa belle fille aimait tant »,
m’avait comme enchantée, au point même d’avoir un peu terni parfois l’image de ma maman , que j’aimais, et j’aime encore d’un inconditionnel amour .
Et puis avec les années, la venue
de l’âge , l’altération de sa santé , qu’elle ne supportait guère , et qui la
rendait amère , avec peut-être mon
propre devenir d’adulte et de mère, cette relation, s’était attiédie , peut-être, et finalement assombrie pour ma part ces
dernières années avec le sentiment de mon impuissance à agir pour soulager ses
tourments de santé, son refus de les accepter, sa rancœur désespérée, son permanent reproche à notre égard de ne pas
répondre à sa détresse….et finalement son repli dans un monde imaginé et délirant où seul entrait son fils et où je n’entrais plus
…
Quand je l’ai revue ce matin du 2 janvier , si menue, si petite
dans son lit de morte , avec son visage calme et immobile à jamais, presque sans rides , mais si émacié qu’il
semblait le profil d’un petit oiseau, j’ai eu peine à la reconnaître…
Je me suis approchée d’elle pour
un dernier adieu et ce faisant en tournant autour de son lit, tout à coup, mes
yeux ont trouvé son autre profil , et je ne sais pourquoi , alors je l’ai
reconnue…j’ai reconnue la jeune femme d’autrefois , et toutes les images du
passé heureux m’ont frappée au visage ,
et avec le souvenir, le chagrin... de la
perte de l’affection d’autrefois, et de l’affection tout court …et peut-être de
l’affection manquée…
Plus tard nous sommes partis pour
les démarches que chacun connait et
malgré le poids terrible que l’accompagner toutes ces années a fait
peser sur Michel, malgré la pénible quasi absence de communication de ces mêmes
années , ce n’est pas un soulagement que j’ai éprouvé mais une sorte de sentiment de solitude…
1 commentaire:
C.est très beau Françoise, merci!
Je t.embrasse
Laurence
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