De même que « Sentimentale » n’est pas un retour au jazz, « La vie en Rose » n’est sans doute pas un retour au Musette.
Car je pense que le Musette,
Richard ne l’a jamais quitté, il l’a simplement intégré si étroitement à
sa musique intime que le musette vivait dans ses créations , son phrasé, ses
rythmes, et sa manière de faire toujours chanter la Mélodie , au cœur de toutes ses interprétations !
En tout cas,"La Vie en Rose" est un magistral hommage aux racines
françaises de la musique d’accordéon , et à la chanson française d’une de ses plus magnifiques
chanteuses !
Edith Piaf et Gus Viseur |
Et pour moi, après le délice
pluriel des compositions de « Sentimentale » , c’est le plaisir sans
mélange d’écouter le « Son Galliano »,
pureté de la chanson mélodique développée dans sa ligne claire, nuances
délicates des intensités, jeu des
variables subtiles ou virtuoses des improvisations, … une virtuosité qui semble
n’avoir pour finalité que de se faire royale simplicité…
« La technique est importante à condition d’en avoir
tellement qu’elle cesse complètement exister… »P. Picasso
Et c’est un bonheur total
qu’on pourrait comparer à celui de certains solos si ne s’y ajoutait la superbe
découverte pour moi de la très belle guitare de Sylvain Luc, acoustique,
vibrante, et le plaisir des ses notes égrenées qui dialoguent avec les notes tenues
de l‘accordéon,tantôt le soutenant, tantôt au premier plan assurant la ligne
mélodique, tantôt s’associant étroitement avec lui…
Je ne dirais rien des titres que
l’on connaît si bien qu’on peut en savourer toute la magie interprétative, et
qu’ils se déroulent comme une balade, une chanson ininterrompue, à laquelle se
mêlent, comme des signatures, à Mon Dieu
l’Aria de Richard, et à Je ne regrette rien … Le Passage de Sylvain Luc.
Mélodie ininterrompue de Gus Viseur et Edith à Richard et Luc
…..
Et le final , un thème de Gus Viseur « Swing Valse » inconnu de moi, est une subtile conclusion ! … En
somme « le Swing et la Valse » !….Keep on swinging !
Richard Galliano s’inscrit explicitement dans une continuité que son prodigieux
talent réussit à fait vivre au
présent !
Et je voudrais pour finir raconter
un moment de rencontre avec Richard Galliano dont j’ai gardé un souvenir très
ému…C’était à Trentels, 10 ème édition , et c’était en solo…
Ce ne fut pas un de
ses solos les plus remarquables auxquels nous avons eu le plaisir d’assister…
Sauf que, pour l’ouvrir, Richard joua délicieusement à l’accordina la mélodie d’une chanson très émouvante
, « L e dénicheur »de Léo Daniderff…
Je ne savais ni son titre ni son
auteur , mais je la reconnus aussitôt avec émotion car ma mère qui adorait G Plana,
la chantait autrefois , et j’eus l’impression
saisissante de retrouver un peu de mon cher
passé perdu..
Et à la fin ,nous restâmes à
attendre, et nous eûmes le plaisir de parler à Richard, et pour une fois (car
en général l’émotion et la timidité m’empêche de lui dire quoique ce soit de
personnel), nous avons parlé musique…du Mare Nostrum du lendemain où nous serions,
et de ce qu’il envisageait de choisir d’y jouer en souvenir de Claude Nougaro, et
surtout …surtout , il me dit, et j’en fus saisie, qu’il avait lu un des commentaires que j’avais
écrits sur son interprétation de Vivaldi…et
dont je vous cite la teneur :
« Sur une très belle interprétation de
Vivaldi, une fort bonne émission d'Elise Lucet, charmante, pertinente et pro!
J'ai trouvé émouvant que Richard G dise "avoir beaucoup progressé"!!!
en travaillant l'oeuvre, et avoue qu'il rêvait depuis l'adolescence
d'interpréter de la musique classique pour une maison d'édition prestigieuse (
comme Deutsch Grammophon )....Mais je souhaite qu'il continue aussi ses autres
chemins, le jazz et la création de ses propres œuvres en y associant des
superbes musiciens , ce qu'il excelle à faire! »
Souvent
j’ai repensé que ce souhait se trouvait
par « hasard objectif » avoir coïncidé avec sa remarquable interprétation
du Dénicheur, comme un signe qu’il n’oubliait pas la chanson française de ses
origines ….
Un petit coin d'parapluie ...
|
Je reste
toujours très émue au souvenir de ce moment d’échange authentique et je crois
que mon souhait d’alors se trouve à merveille réalisé aujourd’hui par « La
vie en rose » !
…Sans que Galliano ait pour autant oublié aucun de ses autres
chemins de musique, aussi audacieusement divers que réussis avec
génie!
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