La Linea del Sur,
David Venitucci, Kiko Ruiz, Pascal Rollando, Renaud Garcia Fons,
Connotations…
« Une chronique de ce sud rêvé sans frontières… »Renaud Garcia Fons
Une fois encore, nos goûts et ma fascination vont d’instinct à des musiques métisses et vagabondes…
Cette musique est bien à tous les sens du mot une musique fabuleuse, d’abord parce qu’elle nous enchante, ensuite parce que le « Sur » qu’elle raconte est le sud fabuleux recréé par l’imaginaire très personnel de son auteur ; enfin parce qu’elle fait surgir dans notre propre imaginaire des connotations personnelles, à la couleur de « nos Suds ».
"El agua de la vida"
Erfoud, à l’heure tranquille… Où les palmiers vont boire…
On arrive à Erfoud le soir sous le rayon déjà oblique du soleil. C’est l’heure de l’irrigation. L’eau libérée s’élance dans le quadrillage rectiligne des seguias. On entend glouglouter l’eau qui crève en bulles sur la terre desséchée. On croit entendre respirer les palmiers. La végétation à leur pied s’éclate en un vert criard dans les carrés du sol ocre.
Quand on sort du quadrilatère régulier de la palmeraie, bruissant d’eau et de verdure, on monte sur un petit djebel et alors le regard se perd dans les lignes de fuite indéfinies tracées par le vent sur l’immense reg de cailloux noirs et brillants comme cuits au four du soleil. On entend le désert qui chante.
Soudain c’est la nuit qui tombe d’un coup. Il fait presque froid…
"Le long orphelinat des gares"
J’aime les gares, leurs espaces successivement envahis de presse , ou désertés, leurs bruits de machines, leur odeur de fer chauffé et de goudron, les annonces des trains aux hauts parleurs…
Mais la gare Saint Charles, cette gare de Renaud GF, plus que l’enthousiasme des départs vers un ailleurs de rêve , évoque plutôt pour moi le déchirement des départs, et l’attente des retours , le très beau vers de Guillaume Apollinaire, "le long orphelinat des gares"
Une petite arène de « tienta » blanche et rouge sur un sol terre brûlée.
Les pas des chevaux frappent le sol, le galop de la vache aussi. Quand elle percute la cape du vacher, la bête produit un choc sourd grave et vibrant. Les hommes appellent : « Toro…toro… »
La musique suscite des désirs de marisma, que je ne connais pas, et de Séville que je connais si peu…
La musique selon Verlaine…
Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune
Au calme clair de lune triste et beau…
Mélodies en mineur, rythmes obsédants qui reviennent et disparaissent, bonheurs de jouer et de se jouer d’une silhouette, d’une valse, d’une barque …
La ligne de ce Sud est teintée de mélancolie et de déchirant bonheur.
Je pense alors à une autre musique du « Sud », « la Luz Negra »de Richard Galliano, qui en présentant Tangaria au New Morning, (un soir « fabuleux » !) disait que grâce à ses musiciens brésiliens entre autres, il y avait retrouvé la couleur « latine » de sa musique et en quelque sorte ses racines méditerranéennes …
Aussi belles et envoûtantes l’une que l’autre, ces deux fabuleuses musiques nous offrent des couleurs du Sud toutes en contraste …Luz Negra !
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