En littérature j’aime les
Textes, en peinture j’aime les tableaux, en musique j’aime les œuvres !
Bien sûr je ne prétends
pas avoir fait la Révolution du Texte,
mais je suis d’une génération d’étudiants, puis de profs de lettres, qui a ambitionné de libérer le Texte de son
contexte, de l’histoire littéraire, où il n’avait qu’un statut fragmentaire
d’illustration, de la biographie, et de l’analyse des racines dont naquirent les œuvres.
Bref, sans faire fi
de qui était l’auteur, de lire et relire d’abord l’œuvre, d’en découvrir son
auteur à travers elle et non l’inverse !
A la fac quelques grands profs
se penchaient encore sur la Psychanalyse,
sur le lien œdipien de Baudelaire ou de Rimbaud, les avatars d’enfance
de Leconte de Lisle, ou même de Valéry,
pour y découvrir la clé de leur création … mais d’autres déjà, dans les pas
desquels nous engagions les nôtres avec enthousiasme, tentaient de s’attacher primordialement
aux œuvres, leur fonctionnement, leur structure, les réseaux
qui se tissaient entre elles, au fur à mesure que nous les lisions, les relisions, et en confrontions nos lectures
avec patience et enthousiasme parfois !
Je garde un souvenir ému du Prof qui nous fit découvrir Balzac, à partir
du Lys dans la Vallée, puis en tenant le
fil d’Ariane qui nous guidait à travers
son œuvre…
Aujourd’hui que je ne suis
plus « Entre les murs » de l’Ecole, je suis avec un intérêt
divagateur, les livres et les films , et parfois, grâce à mes petites filles, je
regarde par-dessus le mur, ne pouvant m’empêcher de m’intéresser à la manière
dont on leur enseigne , la littérature, bien évidemment …
Et j’ai été récemment particulièrement
frappée par le retour en force de ce qui pour moi était le « Para-texte » :
contexte, biographies, qui parfois était éclairé et mis en exergue de la
lecture de l’œuvre concernée…Rimbaud le fils,
avant de lire des poèmes ,Le roman
de Rabelais sans textes de Rabelais ….
Je me sentis d’un autre monde
et me suis mise à douter !!!
Et c’est alors que j’ai regardé
d’un œil plus attentif beaucoup de créations dans les livres parus ou les films , qui souvent étaient des reprises ou des remakes, ou des
adaptations contemporaines voire modernes,
et j’ai découvert le monde
productif de la Biographie , «
Biopic » ou pas !
Deux Saint
Laurent de sorties quasi simultanées , dont un, fort long au demeurant, dans lequel, de Saint Laurent, on ne voit qu’à peine qu’il dessine et crée des robes , un « Barbara », biopic certes intéressant par un style original, mais plutôt puzzle d’une vie où la musique est omniprésente, mais seulement
comme un filigrane essentiel , un fond sonore souvent ,
seulement , dont l’enjeu artistique
fondamental ne m’apparait pas .. un
récit primé de Patrick Deville Peste et choléra,
qui raconte, avec sans doute un recul
esthétique méritoire , dans un savant désordre chronologique, la vie de Yersin , en la croisant avec celle
de Rimbaud l’ Aventurier , Celui qui
n’écrivait plus,..ce qui sans doute constitue , par son « écart au
réel » l’apport de création
artistique de l’auteur…
Aujourd’hui la vie de Jeanne Hébuterne …à lire :
peut-être un roman d’amour ? Ou encore une plongée dans les arcanes de la
création ?
Pourquoi notre culture actuelle s’intéresse-t-elle davantage aux coulisses de l’Art, qu’à ses œuvres ?
Un grand penseur
de l’Esthétique , Hegel pour ne pas le nommer, n’a-t-il pas pourtant justement souligné « qu ’il
n’y a pas de Grand Homme pour son valet
de chambre » ?
Pourquoi la réalité
semble-elle coller aux créations ?
la vie des artistes, les cheminements des artistes, les affres de la création ,
les cuisine des œuvres, on se retrouve
aujourd’hui comme naguère avec le Nouveau
roman, dans le roman(ou l'histoire) de la création du récit , du film, de la chanson, de l’œuvre
musicale…orchestrée de surcroit par les médias qui présentent le doc de la
création du film… etc etc…
Heureusement ! il y a les
polars !!!
« Pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons […]pleines d’aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers » ZONE , Apollinaire
Les polars de Fred Vargas, qui
racontent des histoires et qui ne manquent ni d’insolite ni de trouvailles
poétiques, ceux de Dona Léon , de Thierry
Bourcy….et tant d’autres …
Et il y a les Séries ! Petites histoires de
rien de tout qui inventent du roman, des systèmes de personnages de composition , des univers
à la fois fictifs et qui parlent
de notre réel , dont j’ose dire qu’ils relèvent
de l’art du récit !!!!
Finalement, sont-ce seulement les polars (d’hier et d’aujourd’hui), les Séries, et les feuilletons, qui tout à coup me semblent créer le plus d’histoires et de personnages susceptibles de réussir à remplir la fonction pour moi fondamentale de déréaliser le réel , pour nous y faire réfléchir , par le fictif, le rêve , l’espoir…
JE NE SAIS…
Incertitudes , ô mes délices… !
A reculons, à reculons.
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