Pour moi un concert a quatre dimensions :
La musique, bien sûr, forcément différente de celle d’un CD. D’abord parce qu’elle comporte une marge de variation, d’interprétation, sinon d’improvisation. Ensuite parce que la musique enregistrée à quelque chose d’abstrait (au sens propre), de son contexte, de son auteur, de ses musiciens. La musique du concert se réinsère dans une réalité contextuelle. Un espace, des musiciens, un public.
Dans l’espace elle est plus présente, pour ainsi dire visible. Pour une musicienne peu avertie comme moi, voir les musiciens en train de jouer me permet de suivre la ligne musicale de chaque instrument, de « voir » en somme comme la partition de leurs diverses parties, de les suivre dans leur entrecroisement, bref de mieux entendre leurs différents « sons ».
Les musiciens… leur présence, leur posture, leurs regards donnent à la musique une dimension humaine et une actualité aussi intense qu’éphémère…
Il y a enfin les lieux et leur publics, une sorte d’ancrage plus ou moins parfait,qui cristallise ce présent éphémère, et en fixera le souvenir.
« Petite musique d’après-midi… » Au théâtre Saint Louis à Pau .
F.Chopin, F.Schubert, R.Schumann, avec au piano Rémy Cardinale et à la voix, Magali Léger, donc on l’aura compris, des lieder, des mélodies, de Chopin en particulier, dont j’ignorais tout…
Une petite salle délicieuse à l’italienne, balcons dorés et haut perchés, velours bleu roi
Il faut grimper raide pour s’asseoir au balcon, quand on se penche le regard plonge de manière vertigineuse vers l’orchestre et la scène.
Aux fauteuils d’orchestre les abonnés, souvent âgés, soigneusement vêtus et coiffés avec application quoique sans ostentation.
Dans les étages le public rajeunit, quelques jeunes étudiants, et des enfants avec de jeunes parents ou des grands parents. Et toutefois quelques mamies qui grimpent allègrement d’un petit pas de chèvre alerte, les volées de marches étroites…
Au programme Schumann, Schubert et Chopin, répertoire peu connu pour ce dernier, puisqu’il comporte des mélodies, dont peu de public connaît l’existence et que la belle soprano brune va chanter…
Au piano, chaleureux, précis, léger, sans sécheresse….. Rémy Cardinale
Il explique avec talent et précision, les raisons des choix de leur programmation ainsi que quelques aspects historiques des œuvres retenues. J’aime son Schubert et encore plus son Chopin (les préludes surtout).
Je me dis que mes goûts restent terriblement classiques : de la mélodie avant toute chose : Schubert toujours, Chopin encore et encore.
Molière, Voltaire, Apollinaire et Eluard en somme…
C’est un plaisir calme et reposant, une émotion douce, rien de comparable avec l’émotion intense de certains concerts de jazz ou d’accordéon.
De la « musique de chambre » bien accordée à ce lieu intime et raffiné « à l’ancienne ».
Et ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est l’environnement : mon amie d’abord, qui a été mon guide, et puis la convivialité de tous ces gens pas très jeunes, visiblement musiciens avertis, et qui dans cette ville que je trouve plutôt froide et comme engourdie dans ses jardins et son écrin de montagnes, applaudissent très très chaleureusement, comme s'ils connaissaient "le prix des choses de la vie", rappellent les artistes à maintes reprises, manifestent un vrai bonheur d’écouter …
En sortant, il fait jour encore, plaisir d’une musique en matinée…
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