Mon Grand père « Lexou »,
cadet d’une famille paysanne, élève doué et fier de son certificat d’’études
remporté brillamment, avait été admis à entrer comme chef de train à la
Compagnie du Midi…
Cheminot et fier de l’être, malgré
son attachement à la culture de la terre, à laquelle le cadet qu’il était n’avait pas pu accéder,
il fut heureux de sa vie dans les trains ; insoucieux de ses horaires aléatoires , doué d’un
sommeil qui s’accommodait de toute heure sur sa couverture pliée , une habitude
qu’il garda toujours et partout , indifférent aux pays traversés , fussent-ils
à Salonique !
Les trains furent son univers.
Dégradé en 36 pour avoir fait
la grève, bien heureux ensuite de sa réintégration !!!
Et plus encor, comblé du
changement de statut de la compagnie (du Midi certes) lorsqu’elle devint la Société Nationale des Chemins de Fer Français!
Toute mon enfance et ma jeunesse furent
marquées par la présence du train :
Souvenirs vagues mais réels,
des départs pour la petite gare toute
proche qui desservait la « Grande Ligne », avec la brouette, comme
taxi pour moi , puis plus tard comme
caddie de nos bagages !!!
Jeune collégienne ensuite, indépendante
et stressée de l’être, pour aller chez mon
amie Eliane en prenant La « Pauline » (ou autorail !) . Angoissée
de ne pas savoir ouvrir la porte à glissière , ni de quel côté du quai aller
une fois descendue.
Puis jeune étudiante pensionnaire à Bordeaux,
courir avec grosse valise du samedi (un sur trois seulement !!) pour ne
pas rater le train du départ, faire lever mon père à quatre heures le matin pour profiter le cœur serré de la soirée
du dimanche soir, et prendre l’omnibus du
lundi avec deux changements !
Bien sûr, j’ai découvert ensuite avec stress et bonheur
la conduite d’une auto qui m’ouvrait la route vers la liberté d’aller où on veut
quand on veut…
Mais j’ai gardé l’amour du train et assisté avec confiance à la création
des lignes à grande vitesse, et à la disparition des petites gares qui demeurent
orphelines en bord de routes, parfois remarquablement restaurées en beaux
hôtels comme à Sommières, ou en simples villas particulières..
Mais je
dois avouer aussi que depuis quelques années j’ai dû convenir que quelque chose n’allait
plus …
Ayant choisi par goût et espoir de simplification,
de prendre le train pour aller voir mes « enfants » à Toulouse , ou
ma sœur à Dax…j’ai eu déveine sur
déveine , une voiture calée en milieu de voie , train endommagé, à vider
complètement, une panne d’un TER tout
neuf , deux heures pour un trajet
prévu de quarante minute, un incendie énorme à proximité des voies , la rampe
de Capvern enneigée et verglacée , nécessité d’une seconde loco pour pousser le
train (oh !!!!Llexou, la rampe de Capvern !celle-là
même qui faisait partie des bonnes histoires datant des années héroïques que tu
contais à table le soir !!!)
Bref j’ai perdu la foi !!!
Mon amie Eliane, fille de
Cheminot, avait beau me dire, « c’est
manque d’entretien, tous les fonds vont aux TGV » je me demandais ce
qu’il allait advenir de La SNCF !
Je crains que la réponse esquissée par nos
dirigeants actuellement ne donne pas à la question une réponse selon mon cœur…
Et cela me remplit de
tristesse !
« Ainsi va le Monde »
Parole de Lexou … vieux !!!!
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