mercredi 20 décembre 2017

A Conilhac un soir d'hiver, Richard GALLIANO et Didier LOCKWOOD



Ce n’était pas tout à fait l’hiver, c’était le 25 novembre , et c’était à Conilhac, dans le massif des Corbières , pierreuse est la plaine  vallonnée de Piémont ,où  la roche affleure entre les champs, et que la vigne d’hiver  anime de ses rangs noueux jusqu’au lointain bleuâtre…
Minéral est le village aux  maisons anciennes de calcaire gris aux coins de briques  roses qui ont conservé leur architecture traditionnelle , le long  d’étroites  rues où.s’engouffre un vent vif et froid …Dans ce froid de pierre , s’ouvrent des ilots de chaleur : un joli hôtel dont la véranda au sud s’ouvre sur le vaste horizon pyrénéen « Côté jardin », à l’accueil aussi chaleureux que sa véranda, une salle des fêtes,  reconvertie pour ce soir en salle de spectacle, au fond d’une cour, un Club de jazz placé sous le signe du swing et du vin, où se prolonge l’enthousiasme des soirées  de musique…Nous irons d’ilot en ilot, car c’est pour la musique que nous sommes venus à Conilhac.
Conilhac maintient depuis 30 ans un festival de jazz, qu’honorent de grands musicos : nous y sommes venus de Pau pour écouter Galliano et Lockwood :
Ce n’est pas la première fois que nous écoutons Lockwood , entendu plusieurs fois avec Azzolla..mais nous ne le connaissons pas bien, et il nous inspire  une certaine curiosité, mais ce soir c’est Galliano que nous venons écouter ! Depuis des années, tant nous aimons sa musique,  nous nous attachons à ses pas .Depuis que le l’ai découvert en fait car Michel, lui le connaissait , comme il avait écouté et connaissait beaucoup de musiciens de jazz. Je me rappelle, un soir à Hossegor, Galliano était invité au festival de contrebasse de Capbreton, je le lui dis :« tu connais Galliano ? Il rit, il me dit « c’est le plus grand accordéoniste de jazz !!! » et c’est ainsi qu’a commencé notre « passion » Galliano, et nos partages musicaux…pas ce soir -là  à Capbreton !Car nous sommes arrivés devant la salle , naïfs, pour prendre des places , toutes louées  depuis quinze jours et plus !
Et depuis on le suit comme les petits rats la flûte de Hamel !!!
Nous sommes allés pour commencer dans des lieux prestigieux , au New Morning, pour  la sortie de Luz Negra , à la salle Gaveau  pour Mare Nostrum , à Junas,  à Marciac pour une Carte Blanche ,  puis  dans des lieux  moins réputés , certains lointains comme Saint Martin du Crau, pour Bach, et  dont  quelques-uns ,  nous offrirent en cadeau la rencontre, sinon la découverte  en live de « Grands » que nous  ne cessons de suivre depuis, ainsi à Junas, Daniel Mille, et à Saint Martin du Crau, Manu comté et le groupe Soledad . Et cette quête poursuivie autant que nous le permettent les aléas des soucis et …de lâge ! nous a conduit dans de lieux multiples , plus obscurs, , Limoux, Carmaux , Carcassonne , Seignosse , Montauban, Eysines… , ou plus proches, Arcachon, Oloron , Orthez , Biarritz, Trentels, où s’organisent  avec ténacité de courageux petits festivals de jazz, à Toulouse, qui est un peu notre ville, et à Pau, notre ville, où nous avons failli ne pas avoir de places ! Et donc à Conilhac !
Admirant toujours que ces grands musiciens ,Richard Galliano, Daniel Mille, Vincent Peirani et Emile Parisien, Renaud Garcia Fons, Lars Danielsson, Airelle Besson, Paolo Fresu,   d’autres encore, viennent dans ces petites salles aux quatre coins de  France pour notre plus grand bonheur !
Encore que  pour diverses raisons sans doute, beaucoup d’entre eux et surtout Richard Galliano , me semblent actuellement courir le monde , loin, bien loin d’ici… en tout cas de nous !
(à moins que ce soit nous( lol) qui ,pour des raisons bien sûr tout à fait indépendantes de l’âge qui vient !!!, ne trouvions de plus en plus inaccessibles leurs destinations même en France ou pays proches !!!) 

A Conilhac, c’est donc Galliano  que nous attendions, pour lui que nous étions venus !


Mais néanmoins Didier Lockwood nous inspirait une certaine curiosité : le réécouter, puisque nous le connaissions mal, et savoir quel duo il formerait avec Richard, , quelle réplique il offrirait à sa musique..
Eh bien la réponse nous a ravis, nous a offert un moment de bonheur délicieux, préservé des soucis personnels et des aléas du monde, le temps arrêté, pensées toute captées par le présent du concert…
A quoi tenait ce bonheur …Evidemment à la musique, celle de Galliano, à ce que j’appelle les « Variations Galliano », l’interprétation toujours renouvelée, toujours différente de ses œuvres qui nous sont familières ­-Et cette différence, l’invention d’un « écart » nouveau est poésie pure, savoureuse- S’y ajoute quasiment toujours  la  saveur de thèmes nouveaux, ce soir  en particulier puisés aux œuvres de Lockwood ou aux standards de jazz … Ce soir j’ai noté, car tout à leur « double jeu » il n’annonçaient que peu des morceaux, côté Galliano Fou rire, Aria comme souvent enchainé sur Libertango..( cela s’enchaine à merveille avec une grande impression d’évidente fluidité) la force de Tango pour Claude, et Chat Pitre dont Richard raconte avec humour le destin aventureux,  en concluant  « c’est ainsi que les musiques s’échappent,  et voyagent » et je trouve que cette remarque convient à merveille à leur concert ce soir, une sorte de liberté, de légèreté, dans la connivence de la musique partagée …


Côté Lockwood, je n’ai pu hélas nommer que peu de morceaux sauf  « le  Kid »et bien sûr un « Nuages » bien beau  …
Mais en fait je me souciais peu de nommer me laissant capter par la nouveauté de cette musique en duo. Et toujours le duo, côte à côte, ou face à face, fonctionnait  à merveille, ensemble, ou en solo… Lockwood, frénétiquement inspiré , Richard à l’écoute , attention extrême et rêveuse à la fois , 




Galliano en solo , accordéon à pleins bras,  avec son allégresse magique, sans la moindre trace de fatigue sensible, sa sonorité inimitable,  son aisance si accomplie qu’elle semble spontanée et naturelle…

.Et c’était pour moi le plus remarquable de cette soirée l’impression d’une joie de jouer ensemble et pour nous, sans effort  ( !!!) comme si thèmes et tonalités surgissaient et se développaient en ramifications harmonieuses, s’enchainaient comme d’eux-mêmes… comme à la Fête !


Et pour nous, merveille de voir et entendre la musique de construire à nos oreilles sous nos yeux fascinés …
Merveille du direct,  parfois, souvent, presque toujours…
Avec nos musiciens  d’Election,
Ceux qu’on suit  et poursuit …








2 commentaires:

sister for ever a dit…

Je découvre ce superbe article le lendemain de la disparition brutale de Didier Lockwood...bel hommage, hélas désormais mêlé de larmes...

françou a dit…

Merci "Sister for ever" de ta lecture fidèle ! Oui bien triste nouvelle que cette disparition, pour nous d'autant plus triste que toute proche de cette "redécouverte "récente , qui avait enchanté ce soir d'hiver dans les Corbières éclairé par l'Amitié Galliano !!!! bises merci!