Roland Barthes ou Télérama ??
Navets –délices !
J’aime beaucoup Roland
Barthes : il a marqué notre génération, il a analysé de manière originale
et remarquable des objets que nous aimons, le texte et l’image , et les « mythologies »de
notre culture .
C’est Michel qui m’en a souvent
déniché et explicité les finesses…Et
parfois j’utilise ces analyses avec une
mauvaise foi malicieuse pour conforter/justifier certains de mes choix de vie intellectuelle avec une parfaite
mauvaise foi...
C’est le cas d’une analyse qu’il
fait dans « Le plaisir du
texte » concernant la relation existant entre la qualité littéraire ou
morale d’un texte et la jouissance qu’on en retire en tant que lecteur, :
nous avons par exemple grand plaisir à lire certains livres qui vont à
l’encontre de nos valeurs , de notre éthique et de notre jugement esthétique.
Et enfoncée ans mes coussins le
soir à la télé je me suis rappelé cette remarque, que j’interprète peut-être un
peu à ma guise, en me délectant d’un de ces navets délicieux que ma Camile et
sa sœur qualifient parfois de Télé-Bouse…en partageant ma délectation !
Pourtant, je le dis, je ne
choisis pas mes programmes par simple et paresseuse divagation. Non ! je
consulte Télérama, en lis les présentations, et
même, les avis donnés et la petite appréciation qui s’ensuit !
Je sais donc en connaissance de
cause que je vais regarder un « Navet » selon Télérama et même
parfois un sacré Navet tout court …. !
Et dans mon fauteuil, au chaud
sous mon plaid douillet…je savoure les délices de l’insignifiance des choses…
Et parfois, navet ou pas navet, j’y
trouve beaucoup à savourer :
De beaux paysages, façon France
régionale pour FR3, des intrigues pleines de suspense (facile facile, ou lourd lourd !)
des personnages généreux ou carrément méchants , de grand sentiments ….
L’important c’est le dosage en
fait subtil, entre la tension dramatique soutenue, et l’assurance de ne pas
être trahie par une surprise désagréable ,un personnage super sympa qui se
révèle traître, un dénouement tragique incongru dans le genre de texte choisi.…
« Lector in fabula » ,
je m’implique dans l’histoire, et l’implication du lecteur dans l’histoire noue
une sorte de contrat tacite qu’induit le
« genre » de texte, et qui fait qu’on se livre en toute
confiance au plaisir du texte ! Ou Pas !…
Plaisir attendu et délicieux qui
fait que le temps ne dure pas mais déroule simplement le fil du récit …comme un
long fleuve tranquille !
Navet Délice !
PS :
Un petit top personnel des « délices » :
Première catégorie des séries
étrangères au calibrage infaillible : ce qu’il faut de piment pour piquer
l’intérêt , ce qu’il faut de garantie d’une heureuse issue de l’histoire pour
jouir en toute quiétude de son déroulement, en apprécier les détours et les
rebonds : Castle, Mentalist, Sherlock,
Bones (un peu plus « gore », ce qu’il faut d’humour pour alléger la vérité
sordide de la mort infligée, Murdoch, Miss Fisher , ce qu’il
faut d’ellipse pour un rythme entraînant…
Dans la même catégorie, des
françaises de moins d’ellipses, mais de sérénité équivalente grâce à des
personnages décalés, , Boulevard du
Palais ( tranquillité un peu moins garantie) certains non crédités
par Télérama, Candice Renoir, Caïn, Chef, Alice Nevers,
auxquelles j’ajouterais les polars façon
FR3 aux superbes paysages ,meurtres et
secrets dans nos régions, à
Rouen, ou sur la Dune du Pila ou sur des iles bretonnes , en Corse, sur les côtes de la Mer du Nord,
ambiance feuilleton, amours agitées, secrets, et retrouvailles
moliéresques : « Vous ma fiille !!!vous
mon père !!! » Flics et fliquettes aussi
nettement typés, que des personnages de Commedia del Arte...
J’y ajouterais
néanmoins un bémol très français :
la propension obstinée des réalisateurs à ne pas se résoudre à faire aboutir le
lent cheminement, façon carte du tendre, qui attire l’un vers l’autre les
protagonistes policiers, ou pire encore
à faire mourir les héros pour conclure (on se croirait dans les films français
des années 60 : noir et blanc, ascenseur pour l’échafaud au bout de la
route !!!)
Bref la tranquillité n’est pas assurée !
Chefs d’œuvre du genre : Disparue, Borderline et en tête Profilage !!!
Et l’on sombre en deuxième catégorie…
Pourquoi ne pas se contenter d’arrêter
la série, qu’on pourrait alors revoir des années après, sans être irrémédiablement
dérangé par la certitude TRAGIQUE, que
les héros vont mourir puis qu’on a assisté à leur disparition !
L’on pourrait
ajouter à la première catégorie, et même hors classe, de petits chefs d’œuvre selon
moi :
Parfois certes un peu trop
recherchés : Nicolas L e Floch
Parfois entièrement délicieux « quoique » ou
« parce que » bien écrits, de texte raffiné, d’acteurs excellents, mais sans prétention
apparente…
Les
petits Meurtres d’Agatha Christie, façon Pascal Thomas, mais
supérieurs en émotion et drôlerie, première version Colucchi et Duléry,et peut-être mieux encore, finalement, la version
du trio Samuel Labarthe, Blandine Bellavoir,
et Elodie Frenck….
Les adaptations
de Fred Vargas par Josée Dayan, qui comme dans l’écrit original, réussissent ce mélange exquis d’angoisse et de
suspense, et de confort du déroulement, plus un usage de la langue délicieux,
emprunté à leur auteur…
Le 10 /100
série courte et d’autant plus savoureuse,
Et sans doute bien d’autres dont
je ne me souviens pas pour l’instant …ou ne connais pas !
Histoires –Délices
Délices souvent partagés avec les
filles (Nadja, Chacha , Camille)…
Délices .. mais pas Navets… !
Au fait qu’y a-t-il à la télé ce
soir ?
1 commentaire:
Un récit assez explicite pour confirmer que les délices de la vie se dégustent ailleurs que devant une télé !!!....Oui..., le désir de vivre ne se savoure qu'en se vivant pleinement à chaque instant ...au plus proche du vivant...très loin de la réalité du numérique....
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