dimanche 30 janvier 2011

Méditerranées

Depuis que je l’ai rencontrée dans Mare Nostrum, j’aime la trompette de Paolo Fresu.
Pas de brillance dans cette ligne mélodieuse, un peu feutrée, pure et presque toujours déchirante ou du moins mélancolique.








Michel a découvert l’autre jour un de ses disques créé avec un ensemble de chant polyphonique corse A Filetta et un bandonéon, Daniele di Bonaventura
Les voix , le bandonéon , la trompette de Paolo, tout contribue au caractère mélodieux, exalté , ou religieux de ces chants « mystico mediterraneo »…Je cite Michel :
" Les chants sont sacrés et profanes. Sacrés comme "Dies Irae", "Gloria", "La folie du cardinal", "U Sipolcru", "Sanctus". Auxquels on peut ajouter "Le lac" inspiré d'un mantra tibétain. Profanes comme "Liberata" ou "Scherzi veranili", encore qu'ils comportent aussi une certaine dimension sacrée : l'exigence de liberté d'une part, la vie de la nature d'autre part ".

Et je pensais alors, au moment où toute la Méditerranée du sud semble s’embraser pour sa liberté, que ce beau bassin, qui enserre étroitement la mer et le soleil, et chante et danse sur des rythmes allègres,


...qui enserre étroitement le mer et le soleil...
  n’est jamais très loin de glisser dans la mélancolie , le tragique ou le mysticisme :
Sur ses bords a mûri la tragédie grecque, résonné la lyre d’Orphée, sévi la maléfique tarentule, chanté « la Sybille au visage latin », agonisé la Reine d’Alexandrie, grandi l’Eglise Romaine, pleuré Fellini…

Mais ses berges ont aussi nourri bien des combats pour la liberté, l’indépendance et la démocratie…



Je réécoute Méditerranées de Renaud Garcia Fons qui rappelle que « tout est musique », et célèbre avec tout le raffinement des instruments divers qui sonnent sur ses rives, oud, bouzouki , accordéon , guitare, s’unissant à la flûte, au luth, à la clarinette, et à d'autres encore ,aussi bien la « langue romane des andalous écrite en caractères arabes », que la mémoire de Garcia Lorca, la lutte de la Retrada des républicains espagnols, la Strada de Fellini, et la magie des ports du Bosphore, et l’appel des déserts

Je fais des vœux pour que la lutte des Tunisiens et les brasiers du Caire éclairent un jour des horizons de liberté



Hier, nous avons rencontré et entendu un petit groupe que nous connaissons, Les "Troublamours " « groupe de « chanson française » « chanson italienne"



Et on s’est dit, en les écoutant, qu’eux aussi étaient bien dans la tradition de la « Tarentula »…beaucoup de gaité…MAIS…pas seulement…





Free Hit Counter

mercredi 26 janvier 2011

Pierrot et les secrets de la nuit, variation sur "avoir tout et son contraire"

Pierrot et les secrets de la nuit, Michel Tournier, nrf Gallimard



J’ai relu récemment ce petit roman de Michel Tournier « pour la jeunesse ». Du propre aveu de son auteur, ses livres pour la jeunesse sont la forme épurée et poétique de sa réflexion sur le monde. Comme dans les paraboles ou les mythes, sa philosophie s’y exprime par images et récits …

Comme dans beaucoup de ses livres, il revisite des personnages de la tradition littéraire ou religieuse qui ont voyagé dans notre culture sous des avatars divers. Et c’est donc là, dans un merveilleux système structural de contrastes et de ressemblances, un Pierrot devenu boulanger et un Arlequin teinturier qui s’affrontent pour la conquête de la Blanche Colomb…ine, blanchisseuse de son état.
 A Pierrot la nuit, et le clair de lune, la neige de l’hiver, la méditation solitaire et l’écriture…

Le noir selon Soulages

A Arlequin, le soleil, l’été, les fleurs et les oiseaux, la couleur prodiguée …

A Pierrot, le noir de la nuit, le blanc de la lune et de la farine du fournil

A Arlequin, l’extraverti, la rousse tignasse, « toutes les couleurs de l’arc en ciel, plus quelques autres », blanc et noir exclus…les conversations enjouées et les chansons.

A Pierrot, le renfermé, le silence, la face lunaire , le blanc vêtement vaporeux, les yeux de chouette , l’ oiseau de nuit et de Minerve…

Colombine la Blanche pourrait peut être aimer Pierrot, le mitron fariné…mais elle aime le soleil, les oiseaux et les fleurs…la nuit lui fait peur…


Et elle se laisse enjôler par les chansons, la joie de vivre et les couleurs du joyeux teinturier. Devenue teinturière, elle s’enfuit avec lui un beau matin d’été « tout chargé de parfum, de musiques jolies »…

Mais les pluies de l’automne qui délavent les couleurs, refroidissent l’ardeur d’Arlequin. La blancheur glacée de l’hiver sur la route gelée, la ramènent à Pierrot, qui de sa plume lui a écrit son amour et son désespoir…et au chaud de son fournil qui sent bon la brioche. Fusion idyllique qui ne les empêche pas d’ouvrir la porte au malheureux Arlequin tout transi de froid qui se joint au festin partagé, une brioche dorée façonnée en Colombine…

Nouvelle et récréative version des Effarés,

Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,

Ils écoutent le bon pain cuire.
Le boulanger au gras sourire
Chante un vieil air.

Nouvelle variation sur la morale de l’ambiguïté…
Avoir tout et son contraire, le nuit et le jour, la lune et le soleil, le noir et les couleurs, l’hiver et l’été…écrire et chanter…

Fable pour enfants ou fantasmes d’adultes ???




Free Hit Counter


mardi 25 janvier 2011

Le mono-poly des choix de la vie…

Je l’ai déjà dit, après Quelqu’un, qui l’est artiste ! : « J’aurais voulu être une artiste »…

Mais je sais bien que outre le talent sans doute, ce qui m’a manqué , ce n’est pas le goût de travailler avec persévérance , j’ai travaillé beaucoup dans mon boulot, non c’est peut-être la force de caractère pour m’engager dans un choix exclusif. D’ailleurs , c’est toujours un peu mon problème , de regarder dans la vitrine en sortant de chez le marchand de chaussures pour voir si par hasard, il n’y aurait pas eu… de choisir de « faire » maths ou lettres, de porter du noir ou du violet….en fait ce n’est pas tout à fait cela , je ne regrette pas la plupart des choix importants que j’ai faits , non ceux que je regrette, ce sont ceux que je n’ai pas pu faire, ceux auxquels j’ai dû renoncer…

Par une radieuse journée, en raquettes dans la neige et la splendeur de la forêt d’Iraty scintillante de froid , une de ces journées à la fois animées et paresseuses, actives et contemplatives, je me disais, les grands musiciens, les grands écrivains peuvent-ils distraire de tels jours de l’exercice quotidien de leur art ?


Or en écoutant l’autre jour par hasard une interview sur France Inter d’un accordéoniste très célèbre et talentueux , je ne vous dirais pas lequel, voilà qu’il raconte que son père confisquait la roue avant de son vélo pour l’obliger à travailler son accordéon au lieu d’aller rouler à vélo et courir les bals et les filles… Le journaliste lui demande « Vous le regrettez ? » il répond « Oui, un peu ! ». Étonnement.. « Vraiment ? -Oui oui…vraiment »

Etonnée à mon tour de ce regret, dans la plénitude de réussite qui me semble être la sienne, je me souviens de Colette qui « tant aimait toutes choses de la vie », les chiens, les chats et les oiseaux , les araignées, et son pays, et la mer, et la montagne, et Paris et la campagne, que Willy l’enfermait à clé dans sa chambre pour l’obliger à écrire…Je pense à Zola s’astreignant quotidiennement à des horaires fixes d’écriture avant de courir faire des photos , voir les tableaux de ses amis, ou ameuter des défenseurs pour Dreyfus…

Bref il y a des gens capables d’être «MONOS», sans doute forts de leur passion et de leur talent, ou qu’on oblige à l’être …et d’autres qui sont toujours POLY-valents par dilettantisme, par nonchalance ou par tiédeur…
Ou peut-être aussi parce que certains secteurs ne supportent pas la distraction des intérêts, la pratique et la création artistiques en particulier, que d’autres en revanche ne supportent pas la monovalence, à moins d’être dénaturés?
Je trouve en particulier que ce que j’appelle la « maintenance » de la vie, la fonction nourricière, la cuisine, le jardinage, voire l’élevage et le soin des enfants, pour absorbante qu’elle soit malgré tout, en même temps qu’elle exige continuité et persévérance, cette fonction se trouve bien de la polyvalence. La cuisine de chefs échappe à la vie quotidienne, la sophistication des plats occulte le goût des denrées. Le ménage peut devenir monomaniaque et faire obstacle à la jouissance des lieux de vie, s’il monopolise toute l’attention et le talent. Le jardinier exclusif, le fou de jardin, interdit la pelouse aux enfants ou risque d’arracher trop tôt les fleurs fanées ou improductives…et de manquer ainsi les surprises de la nature…
Dans l’enseignement de même, (je vais me faire détester, je le crains ), de l’instituteur qui sait un peu de tout comme un « honnête homme » et de ce fait, vit dans l’interdépendance des champs disciplinaires, et la globalité de l’éveil des enfants, on passe au professeur, de collège, puis de lycée, bivalent puis monovalent, plus averti dans sa discipline mais aussi plus cloisonné , puis au professeur d’université spécialiste et défenseur de son pré carré, parfois plus tenté par la Recherche que par l’enseignement des élèves, qui après tout ne sont plus des enfants !…

DEPIT, me direz-vous de ne pas avoir su créer une œuvre d’art, ou simplement cultiver un talent artistique, que de dire c’est la vie et son foisonnement d’intérêts qui m’en ont empêchée…Ils sont trop verts….
L’instituteur reste frustré de ne pas être avoir de spécialité, le médecin généraliste se satisfait-il d’être moins payé que le spécialiste, l’amateur de littérature, de peinture ou de photo, le chroniqueur musical, l’écouteur de musique, se remettent-ils jamais de ne « pas pratiquer » ?

AMATEUR!!! (AMATEURE plutôt !!!!)






Free Hit Counter



mercredi 19 janvier 2011

Bernard Cavanna, Karl Koop Koncert

En suivant Pascal Contet

Comme je l’ai déjà écrit nous avons beaucoup apprécié Pascal Contet comme interprète mais aussi comme « passeur » de musique : il me semble qu’il sait très bien faire reconnaître et apprécier le style des musiciens qu’il choisit de « jouer ».qu’il s’agisse de Scarlatti, de Couperin, de Piazzolla ou de Chopin…mais évidemment, heureusement ou hélas ??,il ne saurait s’en tenir à de la musique « classique » Il s’essaie aussi à des improvisations « libérées » , il joue aussi de la « musique contemporaine »

Dernièrement, il nous a fait part de sa dernière parution un concerto pour accordéon et orchestre composé par Bernard Cavanna.
Bien sûr nous connaissons (le nom de… !!!) Bernard Cavanna : nos « passeurs favoris, Bruno, Philippe,.. jouent du Bernard Cavanna , essayent au détour d’un concert de nous en faire entendre...

Nous avons donc acheté Karl Koop Koncert

Intrigués et amusés par son sous-titre : comédie pompière, sociale et réaliste…
Ma première impression :BRUITS , TINTAMMARRE, URBAIN, TRAFFIC …
Autoroute , buildings , travaux ...
Nadia qui travaille à l’autre bout de sa maison croit entendre l’énorme chantier qui s’ouvre Faubourg Bonnefoy , « avec les camions qui ont ces longs klaxons particuliers …musicaux », ajoute-t-elle !

Les villes que j’ai vues vivaient comme des folles
J’ avais une fois écrit que certains bruits étaient musicaux, en particulier par le retour de rythmes réguliers. En écoutant ce concerto, je pense qu’à l’inverse on peut tenter de faire exploser la musique en bruits …
Je pense à un épisode de mon enfance : curieuse de mots en construction comme enfants construisant leur langage, , j’utilisais couramment le mot dé-construire,à la manière de dé-coudre ,dé-faire etc…et m’entendais conseiller plutôt le mot détruire, ou pire le mot démolir, lesquels me paraissaient bien moins satisfaisants au plan de leur signification. Plus tard étudiante j’ai souri de voir surgir en linguistique la notion de déconstruction, doctement préféré à détruire par ses implications méthodologiques !

Karl Koop Koncerto est pour moi une tentative de déconstruction, de dislocation de l’harmonie musicale traditionnelle à la recherche d’un réalisme, d’une réalité moderne, prolétarienne ???.

Je pense à ZONE d’Apollinaire
A la fin tu es las de ce monde ancien
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la POESIE ce matin…

En plus Pascal on peine à l’entendre dans ce concerto, comme si le son de l’accordéon était étouffé par la multitude des sons produits par l’orchestre, comme s ‘il avait peine à se faire entendre dans ce désordre..

Néanmoins, bien que j’affirme souvent « tant de choses que j’ignore et ne souffre pas d’ignorer » et parce qu’en fait je ne veux pas « mourir idiote » je poursuis mon effort d’apprentissage
J’explore donc le DVD, pour écouter Bernard Cavanna parler de sa musique …
L’humour de l’homme, au marché de Nogent vendant, « bradant » comme camelot sa musique, me paraît drôle et provocateur. Quoique cette sorte de dérision rende l’homme et sa musique d’autant plus distants de nous…
Deux intéressantes passantes… l’une qui définit assez bien la musique contemporaine, l’autre qui s’intéresse à la musique, son auteur et…à l’accordéon !!!.
Il y parle beaucoup de sa mère qui aime la musique et du chemin qu’elle a fait du prolétariat aux musiques difficiles, « alors qu’on ne lui dise pas »…mais si je le lui dis in petto… la culture fait parfois obstacle à la culture, refuse d’être disloquée et n’a pas forcément toujours tort…
Puis la balade dans Nogent de son enfance entre pelleteuses, jardins retournés, maisons écroulées, terrains vagues dévastés, démolition.. démolition.. me conforte dans mes connotations de déconstruction, de ZONE urbaine .
A ces connotations, Bernard Cavanna et ses comparses viennent ajouter la fête foraine sommet de la « polyphonie urbaine » ; d’ autres notations, le tumulte , un très beau mot très sonore et musical en latin ; l’individu contre la multitude , le renversement du concerto classique, le soliste n’est plus maître de l’orchestre mais écrasé par son tumulte.

J’écoute, concentrée, et je regarde, Pascal écrabouillé mais résistant au tumulte. Victorieusement au final ???

Puis tout à coup une musique merveilleusement mélodique, un lied merveilleux, une très belle voix, un violon, un violoncelle et un accordéon..
Je reviens en arrière pour afficher la référence…
C'EST SCHUBERT!!!

Tiens cette fois ce n’est pas Pascal, cet accordéoniste ressemblerait plutôt à Bruno ..

Mais C'EST BRUNO!!!… son appassionata , ses yeux de ciel, son visage attentif, concentré sur sa musique, absent du réel , …rendu si proche par le cadrage de la caméra..
Quand le plaisir de l’amitié s’ajoute aux délices du son …

On découvre que BCavanna aime Schubert et en a fait une transcription (très belle à mon sens) « pour deux instruments nobles, le violon et le violoncelle et un instrument prolo , l’accordéon… »

J’aime tant Schubert, c’est une éclaircie dans ce parcours initiatique plein des aspérités d’une musique inaccoutumée…
Mais à force d’écoute, on se reconstruit, on prend presque plaisir aux dislocations, aux ruptures d’un monde comme explosé.
On se prend à cette vision politique de l’exploration musicale

…Merci Pascal !!!!

Je me repasse encore et encore le petit passage de Schubert pour le bonheur ….

…Merci Schubert, Bruno , Cavanna et les autres !


 




Free Hit Counter

jeudi 13 janvier 2011

Divagations sur un poème de Paul Valéry LES PAS…

Poème d’amour ? Ou d’insomnie !!!
En feuilletant mon recueil de Charmes à la recherche d’un autre poème, j’ai redécouvert ce petit poème –ci :

Les Pas
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés

Personne pure, ombre divine,
Qu’ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !...tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

Si de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l’apaiser,
A l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas
Car j’ai vécu de vous attendre
Et mon cœur n’était que vos pas.

S’autorisant de la conception poétique revendiquée par l’auteur : « Mes vers ont le sens qu’on leur prête », je me rappelle que certains commentateurs voyaient là une subtile métaphore de L’INSPIRATION !!!

La jugeant trop intellectuelle et un peu réductrice, et profitant de la liberté d’interprétation consentie par maître Paul à ses lecteurs, je m’étais toujours contentée de le ressentir comme un tendre et intimiste poème d’amour, dont j’aimais le rythme de pas retenus, « rythme aux pieds nus » disait Alain…J’en aimais aussi la préciosité étymologique de certains mots qui, se souvenant du latin, font procéder les pas au lieu de les faire marcher et rendent vigilante la veille de l’insomnie...
Mais cette fois en le relisant mon interprétation se fait divagatrice.
Est-ce l’influence contextuelle du beau concert de Daniel Mille dont j’ai déjà dit tout le bien que j’en pensais, « L’ATTENTE » ? Est-ce ce mois de Nouvel An placé sous le signe de l'attente de la remontée du soleil dans le ciel et de la sève dans les arbres ? Cette fois j’ai été plutôt sensible à l’expression de ces états de transition, délicieux et un peu douloureux à la fois, états d’attente, états d’ « Avent »…
« Douceur d’être et de n’être pas »
Je me suis alors rappelé une demande de mon Payou. Il vivait seul après la mort de ma mère et nous allions le voir souvent, et parfois par surprise, quand l’occasion se présentait…Loin de faire fi de ces surprises, il me dit un jour :
« C’est bien aussi quand tu m’annonces bien en avance que tu vas venir…En plus de vous voir, j’ai aussi tout le plaisir de vous attendre… »
Comme, enfants, nous avions le plaisir de l’attente de Noël, et plus tard le bonheur des jours précédant les vacances…
J’ajouterai, dans le contexte actuel de ces derniers jours, où l’insomnie est assez souvent au rendez-vous de mes nuits, et où parfois au lieu de compter des moutons ou des nuages, j’essaie d’attraper le sommeil en me disant –mentalement, je vous rassure !!!!- des poèmes appris dans mon enfance ou mes années d’enseignement, des poèmes bien aimés….
J’ajouterai donc une plus triviale interprétation : ce poème pourrait bien avoir pour thème et pour titre
INSOMNIE, INSOMNIE CHERIE



Free Hit Counter

mercredi 12 janvier 2011

TOUJOURS RIEN ? Les états d’âme d’une bloggeuse...

Dès que je rentre dans mon bureau, petit clic sur petit bouton bleu ; appuyez…petit clic sur Internet ; petit clic sur messagerie :
Nani nani nana
Et blablabla…
TOUJOURS RIEN !

Petit clic sur Myspace…
Blablabla…
Nnananananan…
TOUJOURS RIEN !

Petit Clic sur Facebook…
Ah , oui ? bien…bien…

Petit clic sur le BLOG….dernier texte, pénultième, antépénultième, commentaires…
TOUJOURS RIEN !


Alors je pense à mon maître Paul Valéry…
« L’impatience disait-il (à je ne sais plus qui et je ne sais plus où...) , l'impatience n'est pas un état d'âme d'écrivain"
Ni d’ailleurs sans doute de musicien,
Ni sans doute de peintre,
Ni de pédagogue
Ni de formateur …

Ni donc de bloggeur,
Ni d'une bloggeuse qui avant de publier son texte sur l’éditeur de blog, l’a enregistré en brouillon d’éditeur de blog, et avant de l’enregistrer en brouillon sur l’éditeur l’a tapé sur Word, et avant de le taper sur Word l’a tourné dans sa tête, et avant de le tourner dans sa tête a encombré son bureau de « post it », et avant d’écrire sur des « post it » a meublé ses insomnies de bribes de phrases à noter sans faute et qui et qui……

......MERITERAIT SANS NUL DOUTE D’ETRE ECRIVAIN !!!
A moins que comme dirait l’ami Alceste, Misanthrope et pisse vinaigre, mais nonobstant pourvu d’un solide bon sens :
« Voyons ! Madame ! LE TEMPS ne fait rien à l’affaire !!! »

Alors qui croire ???

Pour étayer Un éloge de la patience, voilà une bien jolie histoire dont raffolaient nos petits….

Elle s’appelle TOUJOURS RIEN !
Elle a été écrite et dessinée par Christian Woltz
Pour les Editions du Rouergue







Un jardinier Monsieur Louis plante une graine dans la terre avec un soin,
...





non, une sollicitude immense (oui plutôt « sollicitude », car il s’applique de tout son coeur à réaliser toutes les conditions qu’elle aime, la petite graine !!!)


Après il attend. Non ! il Lattend, car les petites graines aiment à être attendues…


Jour après jour, il attend…
Il a la chance ( ????) d’être assisté dans cette attente par l’Oiseau…

Monsieur Louis lui explique qu’il faut être patient…



Mais néanmoins trouve que c’est bien long !!!


Puis Il trouve que c’est trop long !!!
Et finalement décide que ce n’est pas la peine de revenir le lendemain…Le surlendemain… peut-être !









Je vous laisse deviner pourquoi le surlendemain, il n’y a TOUJOURS RIEN…
(Je vous donne un indice : l’Oiseau était amoureux…)
La morale de cette histoire ?
Qu’il faut être patient ?
Qu’il faut tenir sur la longueur ?
Qu’il ne faut jamais se résigner ?
Qu’il faut se méfier des amoureux ?


J’en ai toujours conclu en tout cas, malgré le rire des enfants lorsqu’ils comprenaient le pourquoi du comment, ce rire perlé qui n’appartient qu’à eux, et qui me fera toujours fondre, que c’était finalement (aussi ou plutôt ?) une histoire pour les grands, voire les grands vieillissants : l’avertissement de ne jamais se résigner à ce qu’il n’arrive plus rien de super, qu’on avait espéré ou même rêvé...




Free Hit Counter 

mardi 11 janvier 2011

Janvier , le mois de Janus…


On dit que Janus c’est le dieu du passage, des portes, du changement, un dieu à deux visages.
Il est donc bien nommé notre mois de Janvier…
Porte d’entrée dans l’année, tournant des saisons après le solstice de décembre.
Après que la sainte Lucie a soufflé la flamme fragile des chandelles de la nuit la plus longue, on épie le changement de la lumière à peine perceptible si l’on n’y est attentif …
Et il est vrai que certains jours semblent promettre le printemps.
Puis que l’hiver revient avec comme dit la chanson « son manteau de glaçons »…-.ou chez nous du moins de gelées matinales-



                                             
Ou bien c’est la froide pluie hivernale .
Tout y est gris, gris le tronc sali de pluie et de froid des bouleaux, gris les fins réseaux de leurs branches, gris les grands toits d’ardoise voisins…



Pourtant parfois le ciel changeant montre un coin instable de bleu où les naïfs dont je suis toujours pensent voir le présage de « belles éclaircies »…


Et quelquefois  il nous offre en cadeau d' épiphanies un somptueux incendie de soleil couchant 








Mon esprit de Janvier est placé sous le signe de Janus. ...
Parfois je songe avec peine à ma mère morte en janvier, je "cuve" le regret et la fatigue de Noël, je m’attriste et m’impatiente d’attendre les premiers signes du froid qui cède et de la sève qui remonte…




Mais parfois , je congédie le Père Noël,








je saisis ma panoplie d’armes jardinières , gratte sur l’herbe les feuilles pourrissantes pour donner de l’air aux violettes et crocus qui pointent ,











...cours faire moisson de fleurs à la jardinerie pour parer le jardin d’un printemps illusoire….















Free Hit Counter

mercredi 5 janvier 2011

Galliano en concert à l'Odéon

De certains regards


Lorsqu’est sorti ce DVD du concert de R.G à l’Odéon, on a hésité à l’acheter.

Bien sûr on avait rêvé d’y aller. J’aime aller à Paris, et découvrir l’Odéon comme on a découvert grâce à Richard, le New Morning et la Salle Gaveau, et le Petit Journal, en profiter pour se balader au Louvre comme on s’est baladé à la fondation Cartier Bresson et au Musée d’Art Moderne , nous en rêvions mais …

Et puis on avait déjà le disque audio, et ce fameux concert « From Bach to Piazzolla » on l’avait vu deux fois, une fois à Toulouse avec notre Charlotte, et à St Martin du Crau…
-Mais celui-là c’était la Première, en un lieu prestigieux…
-Et puis un concert n’est jamais ni tout à fait le même ni tout à fait un autre…
-On a tous les disques ( sauf « le polonais » Tango live for ever, c’est déjà râlant !!!)
Il faut l’acheter il manquerait à l’ensemble

On l’a donc acheté et après quelques avatars de passage sur l’ordi, regardé et regardé comme on fait de tous ceux qui nous attachent.
Et il nous a « attachés »…

Je ne redirai pas la qualité de la prise de vue que Michel a si bien à mon sens analysée en détailsEt qui mérite d'être LU


J’ajouterai simplement mon point de vue très subjectif le plaisir que j’y ai trouvé ;

Retrouver la formation « au complet » avec J.M. Phillips au premier violon et R. Pidoux au violoncelle. J’aime beaucoup S.Surel… : en particulier j’ai aimé le retrouver dans Tangaria à laquelle il donne une coloration moins passionnée et méridionale que R.Cardénas, mais mélodieuse, en légèreté et en finesse ; j’ai découvert avec bonheur par Soledad , « Escales » une pièce qu’il a écrite…..Mais j’aime aussi quand Jean Marc Phillips tient le premier violon et que de surcroît la vidéo restitue la tension de son regard clair et de son jeu…

Savoir enfin grâce au sous -titrage quelle est la pièce de Bach qui précède la Badinerie dans le medley
presque final que nous avons entendu à Toulouse et à ST Martin …

Goûter comme photographies quelques cadrages très réussis :
Les trois violons penchés à « l’unisson » sur leur partitions et semblant jouer du même geste…
La posture de R.G, « embrassant » son accordéon, penché sur lui comme mère à l’enfant…

« Voir » le rythme de la musique par les mouvements des corps, voir les pizzicati si délicats du concerto pour clavecin…

Percevoir de façon si rapprochée qu’elle en est presque indiscrète les émotions des musiciens, de la tension initiale aux échanges furtifs de regards, et au soulagement progressif jusqu’aux premiers sourires, de Galliano à J .M. Phillips, de S.Logerot à R. Pidoux, finalement de Galliano au public puis à chacun de ses musiciens…

Mais, l’avouerai-je, entre tous les regards, ceux qui m’ont le plus émue ce sont des regards saisis dans le public, en particulier ceux d’un trio émouvant parce que je nous identifie à eux, ceux d’un couple et de la petite fille entre eux, sans doute la leur, trois regards fascinés, la femme penchée épaule contre épaule vers la fillette, pendant la Badinerie, et mêmes regards quasiment subjugués, bouche bée tous trois, pendant Libertango…

Et bien sûr je pense à ce même concert partagé à Toulouse avec notre Charlotte, ma Charlotte qui d’émotion laisse glisser sa tête sur mon épaule pendant le largo du concerto pour hautbois et violon. C’est le même partage de la même musique entre ces gens inconnus et leur petite fille, le même partage de la même émotion, et j’ai l’impression de partager cette émotion et cette musique avec ces gens que je ne connais pas …de partager à six mois et 800 km de distance les mêmes instants magiques…




Free Hit Counter

lundi 3 janvier 2011

Mary Poppins , les délices…

Les vacances de Noël ont commencé par un marathon cinéma pour nos deux petites : leurs parents les ont amenées voir Harry Potter en salle, et après le souper tous quatre ont regardé le III° épisode de la Guerre des Etoiles…
Bien sûr, c’était super, bien sûr, elles n’ont pas eu peur, finalement elles ont préféré Harry Potter…
Leur première nuit à la maison, fut conséquemment peuplée de cauchemars et de brusques réveils…et je finis par rejoindre Charlotte dans son lit où nous étions assez « étroitement » blotties l’une contre l’autre pour la rassurer, tandis que de mon autre main, je caressais la tête de Camille chaque fois qu’elle s’agitait et parlait dans le lit jumeau…

Bref ce sont des petites filles de leur temps…

Si bien que le lendemain au traditionnel : « Qu’est- ce qu’on regarde aujourd’hui Mamou ? » j’étais embarrassée de répondre, La Belle et la Bête ? Ratatouille ? Sabrina ? (Ce sont mes trésors…) craignant d’être un peu « dépassée »…
Finalement ce sont elles qui ont trouvé, (un autre de mes trésors, visité et revisité bien souvent) :
-Mary Popppins, on va revoir Mary Poppins, mais tu regardes avec nous Mamou, tu fais pas la cuisine , tu regardes avec nous…

Ce fut un moment de délices ...

Je suis toujours étonnée par la puissance de séduction de ce film…Tout est beau et poétique. Rien n’y est mièvre .

Images de ciels avec cheminées, ou avec cerfs-volants , de parcs avec chasse à courre, Renard sauvé, et chevaux de bois , de rues noires de nuit, de suie, et de banlieues industrielles, ou de l’édifice néo classique de La Banque dont la contre plongée étire la majesté des colonnes…

Décor de toiles peintes où s’animent de vrais acteurs.

J’aime outre Julie Andrews,bien sûr,  la divagatrice Nounou aux joues roses…
La mère suffragette acharnée dans l’action pour le vote des femmes, qui ne cesse de décliner pour son mari différentes variations d’ un « Comme vous avez raison mon ami… » ,
Le merveilleux ramoneur philosophe, qui aspire les enfants par la cheminée, -de la suie vers la beauté du ciel- et conduit sur les toits le ballet des ramoneurs, endiablé autant que remarquablement réglé.
L’amiral retraité à la barre de sa maison qui fait donner le canon plus à l'heure que Big Ben.
L’oncle Albert, fou de rire « qui nous apprend plein de blagues « (Camille) qui nous font grimper au plafond…
La vieille femme aux pigeons qui les nourrit dans l’ombre de la cathédrale : « donnez deux pence, pour eux »

Sous ce merveilleux courent joyeusement les thèmes graves, le bonheur ? Clivage social, clivage des valeurs...
Le ramoneur chante qu’il est sur la plus basse marche de la société, et se proclame heureux insouciant et joyeux…
Le vieux banquier  chante fièrement  l’hymne à la gloire de l’investissement, et de la banque d’Angleterre force vive du pays……
Le père chante la stabilité et le confort d’une vie bien réglée.
La mère chante et danse la marche des femmes vers le progrès.
La mélopée de la vieille miséreuse appelle à la charité pour …les Pigeons, «ces êtres inutiles et qui salissent nos monuments »selon le Banquier
Le vieil oncle Albert se drogue au rire et aux blagues…

Les enfants Jane et Michaël, d’entrée assez sagaces dans leur naïveté, acquièrent avec la poésie divagatrice de Mary, un regard singulièrement second sur les choses de la vie …

Ce mélange de gravité et de fantaisie s’avère plein d’un charme qui résiste à l’usure d’un visionnement réitéré du film…



 




Et ce soir à l’heure de s’endormir,ce ne sont pas les cauchemars qui nous empêchent de trouver le sommeil, mais le fou rire quand nous revient la blague d’oncle Albert :
« Je rencontre mon ami John et je lui raconte : c’est l’histoire d’un vieux bonhomme qui avait une jambe de bois qui s’appelait Smith…
-et il me dit, je me pose une question, l’autre jambe comment elle s’appelle ??? »




Free Hit Counter